Chartres : un enseignant soupçonné d'agression sexuelle sur un élève mis en examen

L'agresseur présumé a été mis en examen
L'agresseur présumé a été mis en examen © JACQUES DEMARTHON / AFP
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avec AFP
Le professeur avait déjà été condamné à deux reprises pour des faits similaires. 

Un enseignant de 53 ans d'un lycée privé de Chartres, déjà condamné par le passé pour agressions sexuelles sur mineurs, a été mis en examen mercredi pour des faits semblables qui se seraient produits à son domicile sur l'un de ses élèves de 15 ans, a-t-on appris jeudi de source judiciaire.

Un ami de la famille. L'homme a été mis en examen mercredi et placé en détention provisoire. En poste à Chartres depuis septembre dernier, "le suspect donnait depuis quelque temps des cours particuliers de français à son élève et à son frère jumeau scolarisé dans un autre établissement", a expliqué à l'AFP le procureur de la République de Chartres, Rémi Coutin. "La famille a sympathisé avec l'enseignant et ce dernier s'est retrouvé invité à la table du réveillon de la Saint-Sylvestre", a-t-il précisé.

Des gestes déplacés sur le jeune homme. À la fin de la soirée, le professeur a demandé l'aide du jeune homme pour l'aider à réparer, le lendemain, une clôture de jardin à son domicile et est donc reparti en voiture avec l'adolescent. "Dans la voiture, le suspect a commencé à avoir des conversations gênantes, lui demandant par exemple s'il se masturbait et avouant qu'il était homosexuel", rapporte le procureur de la République.

À son domicile, l'homme aurait réalisé des gestes déplacés sur sa victime avant qu'elle lui montre sa gêne et ne se couche. Le lendemain matin, la victime a refusé d'accompagner son professeur à la messe, est rentrée chez elle en train et a rapporté les faits à ses parents. Ces derniers ont ensuite prévenu l'établissement scolaire et la police.

Déjà deux condamnations pour des faits similaires. Le professeur avait déjà été condamné en 1997 par la cour d'appel de Caen à deux ans de prison avec sursis et mise à l'épreuve pour agression sexuelle imposée sur un mineur de moins de 15 ans. En 2003, le tribunal correctionnel de Grasse (Alpes-Maritimes) l'avait condamné à la même peine pour agression sexuelle sur un mineur de plus de 15 ans. "Les deux condamnations ont été assorties d'une interdiction d'exercer une activité auprès de mineurs pendant cinq ans, mais ne figurent pas sur le bulletin numéro 2 de son casier judiciaire que l'administration peut demander à consulter avant de recruter", a précisé le procureur de Chartres. 

Des peines invisibles pour l'Éducation nationale. Mais une fois la mise à l'épreuve terminée, la condamnation disparaît automatiquement du bulletin numéro 2 du casier judiciaire, a développé le magistrat. Seules les instances judiciaires ont accès au volet numéro 1 du casier judiciaire où sont inscrites toutes les peines. En conséquence, "l'Éducation nationale ne pouvait pas, par le biais de ce bulletin numéro 2, savoir que le professeur avait été condamné antérieurement à deux reprises", a ajouté Rémi Coutin.

De son côté, le directeur du lycée privé, Marc Tranin, a déclaré avoir recruté l'enseignant selon la procédure habituelle, en se tournant "vers le rectorat qui enclenche les démarches administratives". "Le rectorat n'a pas eu d'information particulière le concernant", a-t-il expliqué à l'AFP, "rien ne laissait supposer qu'il puisse y avoir un comportement déviant à ce point".

Des élèves choqués. Selon Marc Tranin certains élèves sont "choqués" car "ils avaient en face d'eux un enseignant qu'ils aimaient bien par ailleurs et ils découvrent une personnalité qu'ils ne connaissaient pas et qui est à tout le moins choquante. Effectivement, pour un adolescent de 15 ans, c'est compliqué à gérer".  Le suspect n'était pas inscrit au FIJAISV (Fichier judiciaire automatisé des auteurs d'infractions sexuelles ou violentes). La justice va notamment s'attacher à rechercher s'il n'y a pas d'autres victimes à Chartres ni ailleurs.