Charlotte Valandrey : "Raconter ma vie était une sorte de survie"

charlotte valandrey 1280
© AFP
  • Copié
Guillaume Perrodeau , modifié à
Chez Christophe Hondelatte, Charlotte Valandrey revient sur sa vie, ses épreuves, qu'elle a raconté dans deux livres, publiés en 2005 et 2011.

Elle est aujourd'hui une des figures de la série Demain nous appartient sur TF1. Charlotte Valandrey, écrivaine, comédienne, chanteuse, est une femme au destin hors du commun, dans le pire, comme dans le meilleur. L'actrice était chez Christophe Hondelatte mardi, pour évoquer sa vie, qui faisait l'objet du récit du jour.

"Il n'a pas fait l'amour avec moi pour me contaminer". La vie de Charlotte Valandrey bascule une première fois, à l'âge de 16 ans. Elle fait ses débuts au cinéma dans Rouge baiser de Véra Belmont et marque immédiatement les esprits. Elle reçoit le César du meilleur espoir féminin : Charlotte Valandrey est le visage du cinéma français de demain. Après avoir quitté la Bretagne pour Paris, où elle vit seule, elle débute une relation avec un jeune homme, toxicomane. Et à l'âge de 18 ans, sa vie bascule une deuxième fois : elle est diagnostiquée séropositive au VIH. "C'était quelqu'un qui se droguait, qui était malheureux, qui n'avait pas confiance en lui", confie Charlotte Valandrey au sujet de ce jeune homme qu'elle fréquentait à l'époque. "Ce n'était pas quelqu'un de maléfique, (...) il n'a pas fait l'amour avec moi pour me contaminer", assure-t-elle.

>> De 14h à 15h, c’est Hondelatte raconte sur Europe 1. Retrouvez le replay de l'émission de Christophe Hondelatte ici

L'insouciance comme remède. Nous sommes à la fin des années 1980 et le traitement pour le VIH n'est pas du tout celui d'aujourd'hui. Les coups de téléphone pour le travail se font de plus en plus rares et à l'époque, on lui donne une espérance de vie d'environ trois ans. Mais Charlotte Valandrey essaie de gérer sa maladie avec une forme d’insouciance. C'est ce qui la sauvera. "J'ai senti que je ne m'en sortirais pas si je ne fonctionnais pas comme ça", explique-t-elle au micro de Christophe Hondelatte. "Si pendant dix ans, j'avais passé tous les matins à me dire que j'étais séropositive et à voir que les gens séropositifs mourraient autour de moi, je n'aurais pas tenu le coup", affirme-t-elle. Dix ans, c'est le temps qu'il faudra pour que les premières trithérapies qui marchent arrivent.

valendrey

Christophe Hondelatte et Charlotte Valandrey ©

"Raconter ma vie était une sorte de survie". En 1999, elle fait deux infarctus, justement à cause des trithérapies qu'elle prenait, agressives pour le cœur. Le verdict tombe : son cœur est nécrosé, les artères bouchées. En 2003,on lui greffe un nouveau cœur. Suivront six semaines de rééducation. À ce moment-là, en plus de la trithérapie, elle doit prendre des médicaments anti-rejets, soit 25 comprimés au total par jour.

En 2005, elle décide de coucher cette vie semée d'embûches sur le papier. D'abord L'Amour dans le sang (2005), où elle rend public sa séropositivité, puis De cœur inconnu (2011). Le premier est un véritable best-seller avec plus de 300.000 exemplaires vendus. "Raconter ma vie était une sorte de survie", relate-t-elle aujourd'hui. "Si j'avais continué à le cacher (sa séropositivité, ndlr), ça m'aurait bouffé de l'intérieur et je ne sais pas comment j'aurais fini", fait-elle savoir. "Les gens ont été très touchés, car c'était au moment des Cordier, juge et flic (où elle a été actrice, ndlr) et les téléspectateurs appréciaient beaucoup mon personnage de Myriam".

Un livre qui lui a donné un nouveau souffle. "Cela m'a permis de faire des salons, de partir à la rencontre du public, de voir l'amour qu'il avait pour moi : ces gens m'ont beaucoup encouragé et aidé", souligne la comédienne.