Ces Français qui veulent partir combattre l'Etat islamique

© AFP
  • Copié
Sébastien Krebs avec Chloé Pilorget-Rezzouk , modifié à
ENQUÊTE E1 - C'est un phénomène nouveau. Des volontaires français partent en Irak ou en Syrie pour affronter les djihadistes de l'Etat Islamique au sein de milices chrétiennes. 

Les jeunes Français en partance pour rejoindre les islamistes radicaux de l'organisation Etat islamique, en Syrie ou en Irak, font régulièrement la une des journaux. Mais on parle moins de ceux qui font le choix inverse, celui d'aller combattre les djihadistes aux côtés de milices chrétiennes comme Dwek Naw-Shah, un groupe qui se bat aux côtés des peshmergas kurdes, près de Mossoul, en Irak. Europe 1 a enquêté sur ce phénomène nouveau. 

"Aucune question à se poser" face à "la cruauté". Ce sont d'abord les Américains et les Britanniques qui ont ouvert la voie. Depuis, ces combattants partis en "croisade" contre l'Etat islamique sont maintenant chargés du recrutement de nouveaux volontaires occidentaux via les réseaux sociaux, où s'opèrent les premiers contacts. En France, plusieurs volontaires se sont manifestés ces dernières semaines et préparent leur départ. 

Comme cet agent de sécurité au chômage, qui se dit "trop révolté" par la barbarie des djihadistes. "J'ai pris contact avec trois combattants : un anglais, un canadien et un américain. Le recruteur m'a demandé mes motivations et ça a suffit à me faire recruter", explique à Europe 1 le jeune homme de 20 ans, pour le moment sans aucune expérience des armes, avant d'ajouter : "De voir tous ces actes de cruauté, il n'y avait aucune question à se poser."

Prêt à mourir. Mais pour l'instant, cet homme prêt à tout quitter n'a pas encore averti ses proches de sa décision. "Les familles ne comprennent pas souvent notre point de vue", confie-t-il. C'est donc "sur le point du départ" qu'il leur apprendra son engagement contre l'Etat islamique. "Moi, c'est simple, c'est le combat", affirme le volontaire déterminé, conscient des risques : "Etre prêt à mourir, oui, il faut s'attendre à tout. On n'est pas à l'abri." Il veut partir dès qu'il aura réceptionné son passeport. Son billet d'avion sera très probablement payé par le groupe qu'il rejoint et qui le formera au maniement des armes.

Renforcer l'action de la coalition. Sur internet, ce futur combattant s'organise avec six autres candidats, dont souvent d'anciens militaires qui n'hésiteront pas à laisser femme et enfants pour partir se battre. A l'instar de cet ancien sous-officier de marine de 27 ans ou de ce vétéran de la guerre de Yougoslavie. Crucifix autour du cou et arme à la main sur Facebook, ce volontaire évoque un "combat quasi-apocalyptique", des "forces du Bien contre le Mal absolu", comme une sorte de croisade à mener. Des hommes quelque fois issus des milieux de l'extrême-droite et dont la motivation religieuse est parfois première. Mais quelle que soit la diversité des profils, tous ces combattants en partance partagent le même discours : les armées de la coalition ne font pas assez et c'est aux citoyens de prendre le relais.

>> LIRE AUSSI - La France voudra-t-elle sanctionner ses combattants anti-djihad ?

>> LIRE AUSSI - D'Ormesson dénonce un "génocide"

>> LIRE AUSSI - L'État islamique enlève 220 chrétiens en Syrie