Ce qu’il faut retenir des manifestations pour la défense des services publics

Avant de rallier la place de la Bastille, à Paris, les cheminots sont passés par celle de la République.
Avant de rallier la place de la Bastille, à Paris, les cheminots sont passés par celle de la République. © CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP
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Thibaud Le Meneec, avec AFP , modifié à
À l’appel de onze organisations syndicales, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont battu le pavé dans toute la France pour la défense de la fonction publique, de la SNCF, entre autres revendications.

Une journée aux allures de tour de chauffe. Voilà l’ambition qui a mené onze syndicats à appeler à la grève dans toute la France, jeudi, pour défendre les services publics. Lycées, hôpitaux, SNCF, fonction publique territoriale… L’objectif était notamment de mobiliser suffisamment avant le début de la grande grève des cheminots, qui va démarrer le 3 avril et s’étaler jusqu’à fin juin.

Bataille de chiffres au niveau national…

Combien de personnes ont défilé en France pour défendre le pouvoir d’achat des fonctionnaires et le statut des cheminots ? Difficile de le savoir avec précision. La CGT, l’un des onze syndicaux qui ont appelé à manifester jeudi, évoque le chiffre de 500.000 personnes. Le ministère de l’Intérieur a communiqué un peu plus tard le chiffre de 323.000 personnes.

…comme à Paris

Les estimations promettaient d’être différentes dans la capitale : ils l’ont été. Selon les syndicats, 65.000 personnes ont défilé à Paris. Pour la préfecture de police, ils étaient "seulement" 49.000. Et d’après le comptage indépendant du cabinet Occurrence, sollicité par plusieurs médias dont Europe 1, ils étaient un peu moins nombreux : 47.800. Dans les villes de province, près de 10.000 personnes ont manifesté à Marseille, Nantes, ou Lyon, 11.000 à Toulouse mais également 1.300 à Auch, 2.300 à Reims, 1.800 à Saint-Nazaire, 4.500 à Perpignan, selon les chiffres de la police.

Deux cortèges réunis à Bastille

Moins de 50.000 fonctionnaires sont partis de Bercy, là où se situe le ministère de l’Économie accusé par de nombreux manifestants de mener des réformes libérales. Ils étaient 40.000 selon les sept syndicats qui appelaient à la mobilisation, 33.000 d’après la préfecture de police et le comptage du collectif de médias cite le chiffre de 34.700.

 

Le cortège fut plus agité du côté des cheminots, démarré à la gare de l’Est pour rejoindre celui des fonctionnaires place de la Bastille. Des heurts ont notamment éclaté boulevard Beaumarchais, lorsque des casseurs s’en sont pris à des banques et des assurances de l’artère. En réponse, les forces de l’ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes et un canon à eau pour les disperser. Vers la fin du défilé, après 16 heures, la tension est retombée. Au total, 25.000 manifestants ont pris part au défilé selon les syndicats, 16.500 d’après la préfecture et 13.100 pour le cabinet Occurrence.

Quelques débordements à Nantes

Des débordements, il y en a aussi eu à Nantes, ville où des heurts éclatent régulièrement en marge des manifestations contre la politique du gouvernement. Vers midi, des individus cagoulés ont été repoussés des environs de la préfecture par les autorités, qui ont fait usage, là aussi, de canons à eau.

Des lycées et des universités bloqués

Les lycées et les universités étaient aussi concernés par la mobilisation. Le rectorat a recensé 13 lycées inaccessibles à Paris, vers midi, essentiellement dans l’Est de la capitale. Du côté des universités, la faculté de Paris-I Panthéon-Sorbonne a fermé quatre de ses sites pour la journée. Un campus a aussi été fermé à Lyon, tandis que des suspensions de cours ont eu lieu à l’université Paul-Valéry de Montpellier ou encore à Sciences Po Lille. La faculté de Toulouse-II, déjà bloquée depuis le 6 mars, le sera encore jusqu’à au moins lundi.

Une mobilisation très politique

Au milieu du cortège, plusieurs responsables de mouvements politiques ont tenu à faire savoir qu’ils soutenaient les revendications des manifestants. Et hormis Florian Philippot, venu avec quelques Patriotes critiquer "la libéralisation de l’Union européenne", ils étaient majoritairement de gauche : Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise), Benoît Hamon (Génération.s), Olivier Besancenot (Nouveau Parti Anticapitaliste) ou encore Nathalie Arthaud, de Lutte Ouvrière. Le futur premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a lui aussi défilé, mais il a été sifflé aux abords de la gare de l’Est par une poignée de manifestants.

 

Une journée de mobilisation avant d’autres

Pour les syndicats, la mobilisation contre le gouvernement est loin d’être terminée : plusieurs d’entre eux ont appelé à manifester chez Air France, vendredi. Un vol sur quatre devrait être annulé, selon les prévisions. Mais c’est à la SNCF que la contestation pourrait s’amplifier. À mesure de deux journées de mobilisation tous les cinq jours voulue par les syndicats, la grève des cheminots va commencer mardi 3 avril pour se terminer jusqu’au 28 juin. Et selon un mail interne révélé par Le Parisien, la CGT-cheminots prévient que si la grève ne parvient à désorganiser la production, la centrale pourrait "durcir le ton".