Cazeneuve répond aux parlementaires, et rejette toute refonte du renseignement

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Dans un courrier adressé aux parlementaires de la commission d'enquête, le ministre de l'Intérieur se montre très "réservé" sur leurs préconisations.

Le rapport de la commission d’enquête parlementaire, sur la gestion par l'Etat des attentats de janvier et de novembre 2015, a été rendu public et délivré au président de l'Assemblée nationale, mardi. Dans un courrier de douze pages adressé le même jour au président de la commission, le député LR Georges Fenech, et à son rapporteur, Sébastien Pietrasanta (PS), le ministre de l'Intérieur répond aux parlementaires. Et s'il a pris connaissance "avec le plus grand intérêt" de ces propositions, Bernard Cazeneuve ne semble pas avoir été sensible à celles-ci, en particulier celles portant sur une refonte majeure des services de renseignements.

Ayant constaté plusieurs "failles" de ces services au cours de leur enquête, les députés préconisent en effet parmi leurs 40 propositions une réforme profonde du renseignement, notamment avec la création d'une direction générale chargée de coordonner l'action de tous les services.  

"Plusieurs inconvénients majeurs". D'après Le Monde, qui a pu consulter le courrier, Bernard Cazeneuve salue le travail colossal réalisé par la commission d'enquête, dont le rapport de 434 pages a été mis en ligne mardi en fin de matinée sur le site de l'Assemblée nationale. Mais le ministre de l'Intérieur se montre "plus réservé sur les propositions tendant à remettre plus en question les du rapport quant aux services de renseignements". Il craint notamment qu'une fusion des services de renseignements telle qu'elle est proposée par le rapport engendre une "déstabilisation". "La création d'une direction générale du renseignement territorial fusionnant l'ensemble des services de renseignement de police (SCRT et une partie de la DRPP) et de gendarmerie (SDAO) peut présenter plusieurs inconvénients majeurs", écrit-il.

Un peu plus loin, Bernard Cazeneuve ne se montre pas plus convaincu par la création "ex nihilo" d'une agence nationale interministérielle de lutte antiterroriste, estimant qu'elle "soulève également de nombreuses questions". Mercredi dernier, interrogé lors des questions au gouvernement par Sébastien Pietrasanta sur les suites qu'il comptait donner aux 40 propositions, Bernard Cazeneuve avait déjà exprimé son scepticisme, affirmant qu'une telle initiative ne ferait qu'ajouter un étage de plus au "millefeuille" des services de renseignement.

Trois propositions retiennent son attention. Finalement, indique Le Monde, seules trois préconisations émises par les parlementaires semblent avoir convaincu le ministre. "Renforcer les prérogatives" du coordonnateur du renseignement, mettre en place une meilleure association entre la gendarmerie nationale et les services spécialisés.

Le ministre de l'Intérieur souhaite aussi engager une réflexion pour "préciser le positionnement" de la Direction du renseignement de la préfecture de police de Paris (DRPP), sur laquelle le travail d'enquête des députés s'est révélé très critique. Enfin, le ministre de l'Intérieur souscrit également à la proposition visant "à accélérer la mise en place d'un véritable service du renseignement pénitentiaire", concédant : "il s'agit à l'évidence d'un maillon faible du renseignement". 

Selon l’entourage du ministre, ce dernier pourrait recevoir Georges Fenech et Sébastien Pietrasanta, mercredi.