Cazeneuve dévoile son plan pour refonder l'islam de France

L'Etat ne légiférera pas sur le burkini a souligné le ministre.
L'Etat ne légiférera pas sur le burkini a souligné le ministre. © AFP
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R.Da. , modifié à
Dans un entretien au quotidien La Croix, le ministre de l'Intérieur détaille les missions de la future Fondation pour l'islam de France, et évoque également la création d'une "association cultuelle".

Depuis des mois, c'est l'un des fers de lance de l'exécutif en matière de lutte contre la radicalisation et la menace djihadiste : la mise en place d'un islam de France respectueux des principes de la laïcité. Dans un long entretien à La Croix, publié lundi, le ministre de l'intérieur, Bernard Cazeneuve, détaille les mesures issues de réunions de travail avec des représentants du culte musulman entamées en juin 2015.

Ce lundi 29 août, le ministre reçoit le Conseil français du culte musulman et la direction de la future Fondation pour l'islam de France, une "nouvelle étape" vers la refondation d'un islam de France. Pour Bernard Cazeneuve, "cela suppose que tous les musulmans, avec l’ensemble des Français, s’engagent dans une défense totale de la République face au terrorisme, face au salafisme, car la République est bien leur première appartenance", déclare-t-il.

Une Fondation pour l’islam de France. "La Fondation, laïque, d’utilité publique, ne pourra pas financer le culte, c’est-à-dire la construction de mosquées ou la formation théologique des imams. Elle aura vocation à soutenir des projets, dans les domaines de l’éducation, de la culture, de l’engagement des jeunes, elle pourra prendre en charge la formation profane des imams, le développement de la recherche en islamologie, être un acteur d’une meilleur connaissance de l’islam à travers ses productions littéraires et artistiques", détaille Bernard Cazeneuve. Une institution qui bénéficiera "de fonds publics pour son démarrage, à côté du financement des entreprises et des particuliers." Jean-Pierre Chevènement, 77 ans, a accepté d’en prendre la présidence, précise encore le ministre dans les colonnes de La Croix.

Transparence des financements. L’exécutif propose également la mise en place d’une association cultuelle dont l’Etat ne sera pas partie prenante et qui serait chargée, à côté de la Fondation, de "centraliser l’ensemble des financements nationaux pour la construction de mosquées", notamment via une contribution "volontaire et négociée" de la filière halal, et de s’occuper de la formation théologique des imams. Cette association, précise Bernard Cazeneuve, "serait dirigée entièrement par les représentants musulmans".

Formation des imams. Le double objectif de la Fondation et de l’association cultuelle est de permettre la mise en place d’une formation des ministres du culte musulman en France. "Nous devons aller vers un dispositif complet de formation en France, qui permettra de mettre fin progressivement au système des imams ‘détachés’ par des pays étrangers", martèle l’occupant de la place Beauvau. Par ailleurs, un décret qui sera soumis au Conseil d’Etat prévoit de rendre obligatoire l’obtention d’un diplôme universitaire (DU) sur l’histoire et la laïcité pour tous les aumôniers salariés à l’hôpital, en prison ou dans l’armée, précise La Croix.

Pas de loi sur le Burkini. Si des personnalités à droite se sont prononcées pour une loi interdisant cette tenue de bain islamique couvrant l’intégralité du corps, et au cœur d'une très vive polémique depuis plusieurs semaines, le gouvernement s'y refuse. "Nous avons la Constitution, la loi de 1905, la loi de 2004 sur l’interdiction des signes religieux ostensibles dans les établissements scolaires publics et celle de 2010 interdisant de dissimuler le visage dans l’espace public. C’est le dispositif juridique défendant la laïcité le plus puissant au monde. Nous n’avons pas besoin d’une nouvelle loi", tranche le ministre de l'Intérieur.