Cathy, mère de Théo, 14 ans, autiste : "À l'école, on l'a traité de trisomique"

Selon Cathy, son fils Théo "comprend les choses très rapidement" : "Il n'est que 16 heures par semaine à l'école, avec 18,5 de moyenne générale". Photo d'illustration
Selon Cathy, son fils Théo "comprend les choses très rapidement" : "Il n'est que 16 heures par semaine à l'école, avec 18,5 de moyenne générale". Photo d'illustration © MARTIN BUREAU / AFP
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Thibaud Le Meneec
Pour Cathy, 40 ans, l'insertion scolaire de son fils Théo, aujourd'hui âgé de 14 ans et atteint d'autisme Asperger, a été semée d'embûches. Sur Europe 1, jeudi, elle a raconté au micro d'Olivier Delacroix son combat permanent pour lui permettre de mener une vie normale.
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Dès la naissance de son fils Théo, il y a quatorze ans, Cathy a senti qu'il n'était pas comme les autres enfants. Hypersensibilités diverses, obsession des toupies, impatience… Souvent, Théo a été confronté au manque d'adaptation du monde scolaire, des élèves et des adultes. Elle se bat aujourd'hui pour qu'il devienne architecte, comme elle l'a confié à Olivier Delacroix, jeudi. 

"Quand il était petit, Théo n'était pas patient, il faisait beaucoup de crises. Il réparait et démontait toujours des choses, il essayait de savoir comment étaient faits ses jouets. Il était obsédé par toutes les toupies, tout ce qui était lumineux, et fuyait tout le temps, il s'isolait. Il a aussi une hypersensibilité au bruit, à la lumière, au toucher, et tout ce qui est effet de foule.

À la maternelle, on a été convoqué parce qu'on nous a dit qu'il avait une hyperactivité et qu'il fallait le faire voir. On l'a fait voir par un hôpital de jour et ce n'était pas du tout de l'hyperactivité. On a su bien longtemps après qu'il était atteint d'autisme.

Exclu pour "non-respect du règlement" à l'école

Entre-temps, son père a fait complètement un déni, il y a eu une séparation assez compliquée. On nous a mis ça sur le conflit parental, au départ, et il a fallu que je déménage et que j'arrive dans la région du Vaucluse pour faire voir mon fils par le professeur Rufo, psychiatre renommé à Marseille. Il l'a diagnostiqué avec une disharmonie évolutive, selon l'ancienne nosographie (la classification des maladies, NDLR). Cela correspond à un enfant autiste.

[Quant à l'école], les enfants ont vu la différence par rapport à mon fils et l'ont agressé pendant six mois, car pour eux, il avait des bonnes notes en étant pas souvent là. Ça a été un énorme problème pour lui, ils l'ont traité de 'gogole' car quand il ne se sent pas bien, il se met à tourner. On l'a aussi traité de trisomique.

 

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J'ai aussi eu un souci avec un directeur d'école qui m'a dit qu'il avait 700 élèves à gérer, et que s'il y avait un élève qui était différent sur les 700, c'était à lui de partir. Si je ne le déscolarisais pas, il le passerait en conseil de discipline. C'est ce qu'il a fait et mon enfant a été exclu définitivement pour 'non-respect du règlement'.

En classe, il comprend les choses très rapidement. Il n'est présent que 16 heures par semaine au collège, avec 18,5 de moyenne générale, sans avoir tous les cours. Il est aussi capable de dire à sa professeure de maths qu'elle s'est trompée, en lui montrant où est l'erreur, ce qui ne passe pas très bien dans une classe de 33 élèves.

"Il est tout le temps dans la construction"

Ses intérêts, aujourd'hui, c'est Minecraft, un jeu de construction. Il est tout le temps dans la construction. C'est pour lui un moyen de développer son monde. Mon fils veut déjà faire architecte, mais au collège, ils partent du principe qu'en raison de sa scolarité qui n'est pas normale avec des aménagements d'horaires, ils préfèrent le faire partir en professionnel. C'est un combat, on est tout le temps en train de se battre pour faire valoir ses droits. Même si ça demande plus de temps pour qu'il y arrive, je veux lui donner les moyens de réussir plus tard, d'aller vers ce qu'il a envie de faire."