CARTE - Grève des routiers : où trouver du carburant près de chez vous ?

Plus de 800 stations seraient concernées par la pénurie, selon l'application Essence.
Plus de 800 stations seraient concernées par la pénurie, selon l'application Essence. © Capture d'écran application Essence
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avec AFP , modifié à
La poursuite de la grève des routiers complique l’approvisionnement des stations essence. La situation devient très compliquée en région parisienne.

Le casse-tête des automobilistes continue. Les conducteurs de camions transportant des matières dangereuses (carburants, gaz...) ont entamé mercredi en Île-de-France et dans la région de Rouen leur sixième jour de grève. Le maintien de "barrages filtrants" à l’entrée des dépôts complique encore un peu plus l’approvisionnement des stations essence. En région parisienne notamment, les automobilistes sont contraints de s’organiser pour trouver du carburant. Europe1.fr vous indique où aller pour continuer à rouler.

Jusqu’à 850 stations touchées. Pour savoir où trouver de l’essence, les automobilistes peuvent utiliser l’application Essence. Elle édite une carte grâce aux contributions des conducteurs (plus de 10.000 mercredi matin) qui renseignent les stations complètement à sec ou qui sont en manque de certains carburants. La carte est actualisée en temps réel et des points sont faits régulièrement. Ainsi, à midi, l’application recensait 850 stations touchées par la pénurie, dont la moitié en pénurie totale (contre 252 mardi soir).

"On est encore loin du pic atteint en 2016 lors des blocages de la loi Travail. En réalité, à l’échelle nationale, la situation n’est pas inquiétante", nuance Pierre Auclair, créateur de l’application, interrogé par Europe1.fr. Il y a 11.000 stations dans l'hexagone, dont 1.000 en région parisienne. Selon les chiffres de l’application Essence, 7,7% des stations françaises seraient donc en pénurie partielle ou totale. Selon une source CGT du port de Gennevilliers, dans les Hauts-de-Seine, "400 stations sont en panne sèche et presque 500 en panne partielle, essentiellement en gasoil".

Plus de stations vides en Île-de-France. "C’est surtout en Île-de-France que ça devient compliqué de trouver de l’essence (six dépôts sur neuf sont bloqués, ndlr). Hier soir, 38% des stations touchées par la pénurie se trouvaient en région parisienne. Ce matin, c’est 65%, un seuil où il devient compliqué de s’approvisionner", précise Pierre Auclair. Une situation d’autant plus difficile pour les automobilistes que Paris et sa proche banlieue sont des zones avec une faible densité de stations essence.

Exemple dans le Val-de-Marne, sur 89 stations, plus de la moitié sont touchées : 28 en rupture totale et 20 partielle. La station BP du centre-ville d'Ivry-sur-Seine est à sec "depuis hier midi". "On attend d'être livré... comme tout le monde", dit le pompiste. Rien que dans le réseau Total, le nombre de stations en rupture en Île-de-France a doublé en 24 heures, pour atteindre 83, soit un quart des stations franciliennes (4% à l'échelle nationale), selon le groupe.

Toutefois, les données de l’application Essence ne sont pas à prendre pour argent comptant. Les contributions viennent essentiellement d’automobilistes qui font un constat à un instant T. "On essaye de vérifier en appelant le stations les plus mentionnées mais nous sommes une petite équipe. Nous essayons d’amener les pompistes à signaler eux-mêmes les pénuries mais ça a du mal à prendre", explique Pierre Auclair. Il reconnaît que "quelques erreurs" sont possibles mais assure que son application est "statistiquement proche" de la réalité.

Plutôt une "centaine" de stations selon l’Ufip. L'Union française de l'industrie pétrolière (Ufip) évoque elle toujours "une centaine" de stations en rupture en Ile-de-France sur les 600 stations dans son giron, représentant plus de la moitié des points de vente. Mais ce chiffre ne tient pas compte des stations de la grande distribution (Carrefour, Leclerc…). Du côté de la Fédération française des combustibles, carburants et chauffage (FF3C, un millier de stations indépendantes et 700 stations Avia), "on ne constate aucune difficulté ni rupture", mais la FF3C est "peu représentée en région parisienne", précise sa déléguée générale Frédéric Plan. Le Conseil national des professions de l’automobile a mis en place une cellule de crise.

Résolution de la grève vendredi ?

La grève lancée vendredi en plein week-end de l'Ascension par la CGT vise à pousser le patronat (FNTR, TLF, OTRE) à "négocier" l'insertion dans la convention collective du transport routier de "spécificités" propres aux matières dangereuses. Elle demande notamment une durée journalière de travail maximale de 10 heures, un suivi médical semestriel spécifique, un taux horaire minimal de 14 euros de l'heure et un treizième mois.

La CGT mène seule l’action. La CGT-Transports demandait mardi soir dans un communiqué "aux organisations patronales et au gouvernement de prendre leurs responsabilités pour réunir les conditions d'ouvertures rapides de négociations" afin de faire reconnaître "les technicités du métier de conducteur de matières dangereuses".

"Notre objectif est d'avoir un signe significatif des autorités pour voir les suites à donner au mouvement. On espère aussi convaincre les autres syndicats de venir à la table des négociations", a indiqué Fabrice Michaud de la CGT-Transports. "Ces revendications sont portées par le seul syndicat CGT et aucune négociation n'est envisageable avec un seul syndicat", estimaient lundi deux fédérations patronales (FNTR et TLF). Le ministère des Transports tente de trouver une sortie de crise en organisant une rencontre avec les syndicats mercredi à 17h30.