Carnaval de Dunkerque : le maire répond aux militants anti-racisme

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La "brigade anti-négrophobie" accuse la "Nuit des Noirs" du carnaval de Dunkerque de racisme. Image d'illustration. © PHILIPPE HUGUEN / AFP
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NM avec AFP
Dans un tribune, Patrice Vergriete accuse apparente les attaques de la "brigade anti-négrophobie" à une "pulsion liberticide". 

De janvier à mars, Dunkerque et sa région fêtent chaque week end le carnaval. Mais un de ses points d'orgue, la 50e Nuit des Noirs programmée le 10 mars, est dans le collimateur des militants de la "brigade anti-négrophobie". Dans une tribune publiée samedi dans Le Monde, Patrice Vergriete, le maire de Dunkerque leur répond : "les Dunkerquois continueront à défendre avec beaucoup d’autres le droit à la caricature".

"Le nec plus ultra de la caricature". Cette "Nuit des Noirs", mais aussi l'ensemble des festivités du carnaval de Dunkerque, sont accusés par des militants anti-racisme de promouvoir le "blackface", cette pratique qui consiste à se déguiser en personne noire. "En réalité, le carnaval, c’est le nec plus ultra de la caricature", explique Patrice Vergriete, "et c’est pourquoi c’est un droit qu’il faut défendre et auquel nous ne renoncerons pas". Surtout que personne n'est exclu de cet événement, rappelle-t-il : "une femme devient homme et un homme porte robe et perruque, un ouvrier joue les banquiers, un athée se fait ecclésiastique, un Blanc se fait Noir, un bon bourgeois se mue en bagnard".

Les Dunkerquois "n'ont pas renoncé à 'être Charlie'". Le maire de Dunkerque voit dans les attaques de la "brigade anti-négrophobie", ce groupe de Facebook qui avait aussi attaqué Antoine Griezmann en décembre dernier quand il s'était déguisé en "Harlem Globe Trotter","une pulsion liberticide" qui "prétend interdire, au pays des droits de l’homme et du citoyen, la liberté de caricature". Or, Patrice Vergriete rappelle que les Dunkerquois "continueront à défendre avec beaucoup d’autres le droit à la caricature. C’est leur façon de démontrer qu’ils n’ont pas renoncé à 'être Charlie'".

Se déguiser, "moteur de la transgression". Patrice Vergriete défend aussi le principe du déguisement quel qu'il soit, "moteur de la transgression". "Carnaval, c’est la licence d’échanger sa vie, de faire don de soi à la différence, de changer de peau, de condition ou de fonction. C’est enfin la liberté de rire, de s’amuser ensemble et, n’en déplaise aux esprits chagrins et à toutes les pseudo-ligues de vertu, nous n’entendons pas renoncer à ce privilège populaire : rire ensemble", argumente l'édile. 

Le Cran propose "une Nuit des bleus". Selon Louis-Georges Tin, président du Conseil représentatif des associations noires de France (Cran), le "blackface" "n'est pas seulement un acte raciste, il a partie liée avec le crime contre l'humanité. Il est l'envers grimaçant de l'esclavage, qu'il a rendu tolérable, voire tout à fait divertissant, aux yeux des peuples d'Occident". Par conséquent, si Louis-Georges Tin ne réclame pas l'annulation de "La Nuit des Noirs", il propose d'en faire évoluer la thématique, "de la transformer en 'nuit des bleus', par exemple en évitant désormais toute référence coloniale". La 50e édition de la "Nuit des noirs" doit se tenir le 10 mars au Kursaal, la grande salle de spectacle de Dunkerque construite au bord de la mer du Nord.