Calais : un nouveau "Sangatte" à ciel ouvert

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Lionel Gougelot avec Chloé Pilorget-Rezzouk et AFP , modifié à
REPORTAGE - Depuis une semaine, des migrants se sont installés dans un nouveau camp en périphérie de Calais.  Un nouveau "Sangatte" dénoncent les associations.

L'info. Des ONG défendant les droits des migrants ont dénoncé, vendredi, l'émergence d'"un Sangatte sans toit", non loin de Calais. Europe 1 s'est rendu dans ce nouveau camp de migrants, situé à quelques kilomètres du centre-ville.

Ni toilettes ni accès à l'eau. A l'entrée du camp, Maya, militante associative, montre des dizaines d'abris de fortune fait de palettes et de bâches plastiques. Plus d'un millier de migrants s'y protègent comme ils peuvent du froid et de la pluie. "C'est ce que l'état offre aux migrants : une autre jungle. Une immense jungle sur un ancien dépotoir, ici c'était une ancienne décharge. Il n'y a toujours ni toilettes, ni accès à l'eau. C'est minable, minable", s'indigne la militante associative. 

Des migrants "traités comme des animaux". Les premiers points d'eau se trouvent à plus d'un kilomètre, au centre d'accueil qui a ouvert ses portes à la mi-janvier sur le site d'un ancien centre aéré, mais qui n'est accessible seulement que quelques heures par jour. Et s'ils veulent se rendre dans le centre-ville, situé à sept kilomètres, "les migrants doivent marcher près de quatre heures aller-retour ", a dénoncé de son côté Céline Barré, responsable asile du Secours catholique.

Depuis une semaine, Djamed, un jeune Afghan, survit dans ce nouveau camp comme il peut : "Tout le monde ici dit qu'on est traités comme des animaux. Nous, tout ce qu'on veut, c'est que ceux qui ont fait des demandes d'asile soient accueillis décemment et que ceux qui veulent passer en Grande-Bretagne, on les laisse faire, et puis c'est tout." Au total, ce sont près de 500 migrants, sur les 1.200 qui cherchent à rejoindre l'Angleterre après avoir fui leur pays, mais qui sont bloqués dans le Calaisis, qui seraient installés sur ce nouveau site, en bordure d'autoroute.

Un nouveau Sangatte. "Les autorités répètent qu'elles veulent éviter la création d'un nouveau Sangatte, mais on assiste ici à l'émergence d'un Sangatte sans toit", a déclaré François Guennoc, de l'ONG Auberge des migrants. Le centre de Sangatte avait accueilli jusqu'à 1.800 migrants, avant d'être fermé et détruit en 2002. Selon les ONG, la mairie de Calais a mis à disposition ce terrain et les forces de l'ordre ont fait pression sur les migrants pour qu'ils s'y installent et quittent leurs squats calaisiens. "Il y a eu une grosse pression policière", a rapporté François Guennoc.

Un camp similaire à ceux de réfugiés en zone de conflit. La situation est telle que Médecins du monde a du mettre en place un dispositif d'urgence similaire aux zones de conflit. "Ce sont les mêmes modes opératoires que nos opérations à l'international, dans des zones de conflit ou de catastrophes naturelles", explique Jean-François Corti, directeur des missions France. "On construit des latrines, on construit des douches, on distribue des tentes car des centaines de personnes sont dans des logiques de survie, ici à Calais, en France" poursuit-il au micro d'Europe 1.

Enfin, au-delà de la terrible situation sanitaire dans laquelle se trouvent les migrants, les associations craignent de voir resurgir des violences entre les communautés orientales ou africaines qui cohabitent dans ce qu'on appelle déjà "la nouvelle jungle".