Blocage des universités : comment les examens vont-ils se dérouler ?

"Tous les examens auront lieu avant l'été", a répété la ministre de l'Enseignement supérieur, lundi sur Europe 1.
"Tous les examens auront lieu avant l'été", a répété la ministre de l'Enseignement supérieur, lundi sur Europe 1. © AFP
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T.M. , modifié à
Alors que les partiels du second semestre ont déjà débuté dans certaines universités, d'autres, toujours perturbées par des étudiants opposés à la loi Vidal, s'efforcent de trouver des solutions de secours.

Tous les examens auront lieu, et ce quoi qu'il arrive. C'est le message que ne cesse de marteler le gouvernement depuis plusieurs semaines, alors qu'une quinzaine de facultés sont encore perturbées en France, dont deux toujours occupées : Jean-Jaurès à Toulouse et Rennes 2. "Nous sommes en lien avec l'ensemble des présidents d'universités, de manière à ce que les partiels soient organisés de manière la plus sereine possible", a répété la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, lundi sur Europe 1.

Certains établissements ont ainsi été contraints de trouver un plan B. Report des épreuves, délocalisations, examens à domicile ou encadrés par la police : les cas de figure sont multiples. Et leur organisation souvent chaotique.

Ceux qui optent pour un report

Rennes 2. C'est simple : dans toutes les facs qui ont été occupées, les partiels ont été reportés, parfois de plusieurs semaines. C'est notamment le cas à Rennes 2, bloquée depuis le 9 avril par des étudiants hostiles à la loi "orientation et réussite des étudiants" (ORE). Prévus initialement du 30 avril au 5 mai, les partiels ont finalement été décalés du 17 au 28 mai, avec une pause pour la journée de grève du 22 mai, a fait savoir le président de l'université lundi dernier.

L'annonce a fait bondir des dizaines d'étudiants, comme Lucas, pourtant opposé aux blocages. "J'ai un stage qui doit commencer le 14 mai et je ne sais pas si je vais pouvoir honorer ma présence. Cela crée du stress, parce qu'on a peur aussi que notre diplôme soit dévalorisé, soit donné en quelque sorte", confie le jeune homme sur Europe 1.

Sur les réseaux sociaux, le syndicat Unef a ainsi "exigé des modalités souples pour les étudiants indisponibles à ces dates". Vendredi, la présidence de l'établissement leur a ainsi proposé trois alternatives : des dossiers maison, des oraux par visioconférence, ou des examens écrits à distance "dans le temps normalement imparti à l’épreuve". Une condition reste toutefois nécessaire : fournir un justificatif d'absence avant la date du 10 mai.

Et Olivier David, le président de l’université, de répondre à ceux qui demandaient un nouveau report des épreuves : "Le calendrier des examens annoncé est la seule solution qui permette de garantir le principe d’équité, les poursuites d’études, les mobilités ainsi que la légalité et la valeur des diplômes pour l’ensemble des étudiants concernés par le blocage des campus Villejean et la Harpe".

La préfecture lui a par ailleurs proposé une compagnie de 90 CRS qui pourrait assurer la bonne tenue des examens, comme cela a notamment été le cas à Lille, au début du mois.

Toulouse Jean-Jaurès. Bloquée depuis plusieurs semaines, l’université Jean-Jaurès, à Toulouse, a également opté pour le report pur et simple de ses examens. "La session 1 est reportée début juin, pour un retour des notes des enseignants au plus tard le 26 juin. La session 2 se déroulera début septembre, vraisemblablement entre le 3 et le 15 septembre", a informé Richard Laganier, administrateur provisoire de l’université, dans un communiqué de presse daté du 11 avril.

Pur et simple, du moins dans le meilleur des cas. Car selon l’université, les épreuves pourront tout aussi bien prendre la forme d’examens sur table que de travaux personnels d’étudiants. "Les équipes pédagogiques veilleront à ce que le volume des différentes ressources déposées soit raisonnable et compatible avec le délai de révision. Un accompagnement pédagogique, pour préparer vos examens, pourra être organisé sous forme de regroupements, ou encore par un soutien sur la plateforme IRIS (la plateforme de cours en ligne de l’université, ndlr)", précise Richard Laganier.

"Si l’accès aux salles de cours n’est pas possible sur le campus Mirail, des lieux alternatifs pourront être mis à disposition. Nous y travaillons de concert avec le rectorat et les responsables pédagogiques", affirme-t-il encore, alors que le tribunal administratif de Toulouse décidera mercredi d'une éventuelle évacuation de la fac par la police.

Limoges. À la faculté de Limoges, les examens de la fac de lettres, prévus à partir du 11 mai, débuteront finalement trois jours plus tard, a annoncé vendredi son président Alain Célérier, qui espère ainsi que les bloqueurs tiendront leurs engagements de laisser les examens avoir lieu.

"Nous préparons les examens en les modifiant un peu, notamment en remplaçant du contrôle continu par du contrôle terminal", a-t-il détaillé auprès du média local Le Populaire du Centre. "Ce n'est pas catastrophique. Je souhaite que nous arriverons là sans nouvelles surenchères".

Ceux qui optent pour des examens à la maison

Nanterre. Malgré un vote des enseignants qui souhaitaient attribuer un "20/20 politique" à tous les étudiants, la présidence de l'université de Nanterre (Paris 10) a rappelé mercredi dernier "qu'aucune validation ou note automatique ne saurait être reconnue", car "la notation doit tenir compte du mérite réel des étudiants pour que le diplôme ait pleine valeur et validité".

Les partiels prévus du 16 au 20 avril ont ainsi laissé place à des exercices à faire à la maison. Pour certains TD, les sujets ont donc été mis en ligne sur la plateforme destinée aux étudiants, qui en ont immédiatement été prévenus par mail. "Ce n'est pas satisfaisant, mais en même temps il n'y a pas 36.000 solutions", a concédé Jimmy Losfeld, le président de la Fage, première organisation étudiante, auprès de franceinfo. "L'essentiel est que tous les étudiants ne soient pas pénalisés par cette situation."

Les épreuves prévues le 2 mai ont en revanche été reportées, a indiqué le président de la fac, Jean-François Balaudé. Celles prévues le 3 mai et au-delà sont quant à elles maintenues. 

Paul-Valéry, à Montpellier. À Montpellier, les étudiants de l'université Paul-Valéry, l'une des premières à avoir été bloquée en France, ont eux aussi planché à distance, via la plateforme pédagogique Moodle. Une évaluation qui a concerné 780 des 800 examens au menu. Avec comme épreuves  un QCM, un dossier à réaliser ou encore un enregistrement audio à faire parvenir à l’enseignant. Mais une trentaine de personnes s'est infiltrée dans les locaux, endommageant les serveurs pour empêcher - un temps - les examens de se dérouler sous cette forme. Ceux-ci ont finalement pu reprendre et la deuxième session a été suivie par environ 85% des étudiants, a fait valoir l'université lundi, alors que la rentrée se faisait dans le calme après une semaine de vacances et deux mois de mobilisation.

Le rattrapage des examens du second semestre, lui, devrait se dérouler sur le campus, en "présentiel", courant mai ou juin, conformément à l'agenda initial.

Ceux qui optent pour la délocalisation

Strasbourg. Il y a deux semaines, à l'université de Strasbourg, "plus de 700 candidats se sont présentés mais n’ont pas pu accéder au bâtiment dans lequel devaient se dérouler les épreuves", selon l'établissement. Alors le vice-président du campus Benoît Tock a dû bricoler pour en assurer la bonne tenue. En plus d'être reportés de quelques jours, "tous les examens sont déplacés vers les campus de périphérie. Ils sont à proximité de Strasbourg et à portée de transports en commun, avec au maximum une demi-heure de bus ou de tram", expliquait-il jeudi dernier à Europe 1.

Tolbiac. À Tolbiac aussi, les examens ont été délocalisés, notamment en raison des nombreuses dégradations causées sur place. Cette fois à Rungis, dans le Val-de-Marne, soit environ à 45 minutes de transports depuis la fac. "Pour la période de partiels normale, on a été informé de la délocalisation des examens au centre de Rungis. Mais pour ce qui est des examens qui sont déplacés dans le temps, pour le moment, on n'a pas d'informations supplémentaires. On sait juste que la période d'examens est rallongée pour permettre la tenue de certains partiels", rapportait Guillaume, en deuxième année d'Histoire, au micro d'Europe 1.

Preuve que les modalités de mise en place des examens restent encore floues pour de nombreux étudiants, et pour les présidents d'université, plus que jamais suspendus aux prochaines assemblées générales.