Blocage des prisons : "les organisations syndicales ne veulent pas lâcher, à juste titre"

Le secrétaire général adjoint de FO-Direction aimerait que des établissement spécifiques soient ouverts pour les détenus les plus dangereux.
Le secrétaire général adjoint de FO-Direction aimerait que des établissement spécifiques soient ouverts pour les détenus les plus dangereux. © Europe 1
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C.O. , modifié à
Philippe Lamotte, secrétaire général adjoint de FO-Direction, invité mercredi sur Europe 1, a qualifié de "grave" la crise des prisons, bloquées depuis dix jours.
INTERVIEW

Dix jours après le début d'une mobilisation d'une ampleur rare des gardiens de prison, le conflit s'enlise : leurs syndicats ont quitté mardi la table des négociations, rejetant les propositions du gouvernement, y compris sur leurs primes. Les trois syndicats, Ufap-Unsa (majoritaire), FO et CGT-Pénitentiaire, ont appelé à poursuivre le mouvement de blocage des établissements pénitentiaires. "Cette crise est grave. Les organisations syndicales ne veulent pas lâcher à juste titre", a commenté mercredi sur Europe 1, Philippe Lamotte, secrétaire général adjoint de FO-Direction, directeur de l’établissement pénitentiaire pour mineurs de Quiévrechain, dans le Nord. "Je pense qu'il faut un jour reconnaître le métier de surveillant. Ces personnels méritent d'être reconnus, d'être récompensés par rapport au travail qu'ils accomplissent tous les jours".

1.100 surveillants en quatre ans, "ce n'est pas assez". Les syndicats de surveillants estiment ne pas se retrouver dans les propositions de la ministre de la Justice, Nicole Belloubet. Cette dernière leur avait notamment promis la création de 1.100 postes sur quatre ans. Pas assez pour les organisations syndicales de surveillants. "1.100 surveillants ce n'est pas suffisant", acquiesce le directeur d'établissement. "Mais il faut aussi prendre en compte nos difficultés pour recruter. Le dernier concours, la semaine dernière, a démontré que seuls 30 % des inscrits étaient présents. Je pense que cela s'explique par le manque d'attractivité de la profession".

Surpopulation, violence. Une profession de plus en plus confrontée à la violence. "Nous avons beaucoup de détenus qui sont devenus très violents, des radicalisés mais d'autres aussi agressent les personnels. La réalité dans certains établissements est devenue plus compliqué de par la surpopulation, des établissements qui ne sont pas adaptés pour ce genre de profil", détaille Philippe Lamotte. "FO direction demande que ces établissements spécifiques soient ouverts pour placer ce genre d'individus dangereux violents avec des personnels qualifiés, recrutés formés et des matériels adaptés". 

Par ailleurs le salaire, 1.540 euros à l'entrée, 2.100 euros en fin de carrière, est un frein au recrutement. "Il y a un besoin de revoir l'indemnitaire et le statutaire de ce personnel", selon le directeur d'établissement. Reste que Philippe Lamotte se dit confiant. "Nicole Belloubet est capable de prendre le dossier en main, elle l'a montré à plusieurs reprises". Mardi la ministre de la Justice a assuré que "sa porte restait ouverte".