Bientôt des seringues distribuées en prison ? Les syndicats entre colère et inquiétude

Les détenus toxicomanes ont pour l'instant accès à des drogues dites de substitution administrées par voie orale.
Les détenus toxicomanes ont pour l'instant accès à des drogues dites de substitution administrées par voie orale. © ALBERTO PIZZOLI / AFP
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avec AFP
Un projet de décret pourrait ouvrir la voie des cellules aux seringues dans le cadre de mesures visant à lutter contre la transmission des infections entre détenus toxicomanes.

"Non aux seringues en cellule": un projet de décret destiné à mieux lutter contre la transmission des infections en milieu carcéral inquiète les syndicats de surveillants, qui dénoncent des risques sécuritaires. En cause, un projet de décret d'application de la loi de "modernisation du système de santé" du 26 janvier 2016, qui prévoit l'utilisation de "matériels et outils" pour les détenus toxicomanes.

"Ce décret prévoit de permettre aux détenus de se shooter en ayant accès à des seringues à l'infirmerie et, pire, de mettre à disposition des seringues en cellule individuelle. C'est tout simplement hors de question", a déclaré à l'AFP Jean-François Forget, secrétaire général de l'Ufap-Unsa Justice, principal syndicat de surveillants. Il dénonce ce dispositif comme "immoral et dangereux", voyant notamment la seringue comme "une arme potentielle".

Des mesures sanitaires. Même son de cloche chez FO-Pénitentiaire, vent debout contre l'introduction de "salle de shoot" en milieu carcéral.  Plus nuancé, Christopher Dorangeville de la CGT-Pénitentaire salue une "indubitable avancée sanitaire" en prison où "la drogue circule", mais s'inquiète de "garde-fous insuffisants" face à "l'arrivée des seringues jusque dans les cellules".

Actuellement, les détenus toxicomanes ont accès à des drogues dites de substitution (subutex, méthadone) administrées par voie orale. L'introduction de seringues suppose que les détenus puissent venir à l'infirmerie avec des drogues injectables. Pour la chancellerie, interrogée par l'AFP, le décret en préparation "vise à réduire les risques d'infection en détention, en application de la loi".

"Salles de shoot". Thierry Solère, porte-parole de François Fillon en vue de l'élection présidentielle, dénonce dans ce projet la création de "salles de shoot" qui représentent "en réalité une mise en danger de la vie des personnels pénitentiaires et même des détenus".