Besançon : l'anesthésiste suspecté d'empoisonnements parle pour la première fois

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Arthur Helmbacher et A.D
Le médecin de 45 ans dénonce toutes les accusations faites contre lui dans "l'Est républicain" et laisse entendre que si les actes ont pu être volontaires, l'enquête ne devrait pas s'arrêter à son propre cas.

L'anesthésiste de Besançon mis en examen pour empoisonnements avec préméditation, parle pour la première fois. Suspecté de sept empoisonnements dont deux mortels entre 2008 et 2017, l'homme de 45 ans a pris la parole dans L'Est républicainIl nie en bloc les faits dont il est soupçonné.

La thèse de l'erreur médicale non retenue. C'est le premier décès suspect qui a déclenché l'enquête. Il y a neuf ans, un homme de 53 ans décède sur la table d'opération sans raison apparente. L'agence régionale de santé (ARS) commence à signaler d'autres cas suspects. A chaque fois le même schéma se présente : un patient sans prédisposition particulière subit une opération qui se passe bien, jusqu'à ce qu'une injection d'une dose mortelle de produit provoque un arrêt cardiaque. Avec le bilan de sept victimes dont deux morts, le parquet de Besançon ne croit pas à l'erreur médicale répétée et évoque des "doses administrées, qui ne pouvaient pas être accidentelles".

"Envoyez-moi devant les experts médicaux". "Je n'y suis pour rien", affirme le médecin mis en cause. "On m'accuse de crimes odieux que je n'ai pas commis", se défend-t-il. Au sujet des cas récents, il ajoute même : "Ce n'est pas moi qui ait mis l’anesthésique dans la poche de paracétamol, donc c'est quelqu'un d'autre", suppute-t-il. (...) "N'importe qui avait accès au bloc, indique l'homme qui reconnait néanmoins que la découverte de poches de perfusions percées" laisse supposer un "acte de malveillance". Il souhaite ainsi que l’enquête ne se limite pas à [s]a seule personne. "Envoyez-moi devant les experts médicaux", réclame-t-il encore. Je n'attends que ça, pouvoir m'expliquer devant des spécialistes. Mon seul tort, c'est de m'être rendu disponible quand des collègues me sollicitaient pour des urgences."

"J'ai peur pour mes enfants". Pour deux des sept empoisonnements présumés, dont un cas de surdosage de potassium, il précise : "Je n'étais même pas là physiquement." Sur le mobile examiné par les enquêteurs - celui du pompier pyromane, en l'espèce, empoisonner des gens pour essayer de les sauver - il se défend encore : "Pourquoi je ferais un truc pareil ? c'est complètement aberrant" et il affirme : "Des collègues me disent 'Fred tu es le meilleur de la clinique.'." "Ma famille est brisée, dit-il encore. J'ai peur pour mes enfants, ma carrière est terminée. Que les victimes sachent ! Je veux qu'on leur donne, à elles et à moi, la vérité. C'est quelque chose qui me hante."

Fin mars, un juge décidera s'il doit rester sous contrôle judiciaire ou être placé en détention. Les magistrats du ministère public n'excluaient d'ailleurs pas la découverte d'autres cas.