Bac 2015 : les corrigés des sujets de philo en série ES

Bac philo 1280
Une candidate planche sur sa copie de philo mercredi. © AFP
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Une professeure de philo commente pour Europe 1 les sujets de philosophie du Bac ES sur lesquels planchaient les candidats mercredi.
LA FRANCE BOUGE

Les candidats du Bac ES planchaient mercredi matin sur la philosophie. Au programme cette année pour les dissertations, deux thèmes classiques : la conscience et l’art. Mais que fallait-il écrire dans sa copie pour avoir une bonne note ? Lucile Peyre, professeure de philosophie en Terminal, commente pour Europe 1 les sujets donnés, "des sujets très actuels, en prise avec la société", selon elle.

"La conscience de l’individu n’est-elle que le reflet de la société à laquelle il appartient?"

• Les notions à aborder
C’est un sujet dans lequel on pouvait aborder plusieurs notions d’après Lucile Peyre : "la conscience et l’inconscience, bien sûr, à relier avec la notion de sujet ainsi que celle de culture". Autres notions sur lesquelles on pouvait aussi rebondir : "la liberté et la morale". "La liberté parce que si c’est la société qui détermine mon identité, alors on peut se demander si je suis libre moi-même", explique la prof de philo, "et la notion de morale car s’il y a un certain conformisme moral, ma conscience morale est alors le résultat de la société dans laquelle je vis". On pouvait ainsi approfondir avec le conformisme social et se référer aux modes actuels. Dans une dernière partie, Lucile Peyre propose de renverser le sujet en montrant "qu’au contraire la société peut être à l’image des consciences des individus et que certains individus peuvent changer la société". Plusieurs grandes figures historiques, telles Gandhi ou Martin Luther king, pouvaient être mentionnées car "ils ont une conscience telle qu’ils ont fait changer la société".

• Les pièges à éviter 
Selon la prof de philo, "il n’y a pas vraiment de pièges dans ce sujet mais l’erreur à ne pas faire est d’être trop superficielle". Il ne faut, par exemple, pas se contenter de dire "les médias influencent la conscience des gens".

• Les auteurs à citer
Spontanément, Lucile Peyre pense à deux auteurs incontournables : Marx et Freud car "ce sont les deux auteurs qui ont évoqué les principes des déterminismes sociaux et culturels, c’est-à-dire 'comment la société peut nous déterminer?'". Marx s’est ainsi posé la question de "comment la société capitaliste va déterminer les consciences de l’individu" en se référant "aux consciences de classes" tandis que Freud s’est intéressé à "comment l’individu va intérioriser tout ce qui est interdit dans la société".

• La référence évidente à l'actualité
Pour Lucile Peyre, on pouvait citer “les études sur le genre” notamment en s’appuyant sur l’ouvrage de Judith Butler, Les troubles dans le genre, qui “montre à quel point la société et ses normes déterminent les individus”.

"L’artiste donne-t-il quelque chose à comprendre ?"

• Les notions à aborder
Deux notions devaient bien sûr être abordées dans le sujet : "l’art et la vérité" et "pourquoi pas la notion de société", ajoute la prof de philo. "J’ai tout de suite pensé à l’art engagé, c’est quelque chose qui saute aux yeux", développe Lucile Peyre. "Il y a là un effort de la part de l’artiste à donner quelque chose à comprendre par rapport à la société". "L’artiste engagé peut alors dénoncer des injustices mais aussi révéler le monde, c’est l’art qui dit le monde", explique la prof de philo en faisant référence au Rire de Bergson. L’artiste est ainsi un révélateur de la société. On peut opposer cet art engagé à "un art décoratif qui a pour but de faire beau, d’être dans une contemplation pure sans réflexion". Autre point : "il y aussi des œuvres d’art à but de divertissement et celles qui sont là pour faire de l’argent". Lucile Peyre propose , comme dans le premier sujet, de renverser la proposition de départ : "on peut montrer qu’il y a aussi le regard du spectateur qui intervient et qui est subjectif : il voit des choses que l’artiste n’a pas forcément voulu mettre et l’oeuvre va ainsi échapper à l’artiste".

• Les pièges à éviter
S’il n’y a pas de pièges évidents dans ce sujet, attention tout de même à deux choses : ne pas identifier clairement la notion de vérité et se contenter de citer des œuvres d’artistes engagés sans aller au-delà. "J’aurais peur du catalogue d’oeuvres engagées, le danger, c’est ça le danger", explique la prof de philo.

• Les auteurs à citer
 Lucile Peyre pense donc au Rire de Bergson mais aussi à Jean-Paul Sartre. "Il a critiqué très vivement Flaubert et Goncourt, deux auteurs qui n’ont pas écrit sur la Commune alors que cela se passait à leur époque et ont préféré écrire des romans d’amour. Sartre dit ainsi : ‘il aurait été de leur devoir d’écrire sur ce qui s’est passé avec la répression de la Commune'".

• La référence évidente à l'actualité    
Pour Lucile Peyre, on peut penser "aux événements de janvier : avec les caricatures de Charlie Hebdo, on est dans l’art qui essaye de faire comprendre certaines choses mais tout le monde n’est pas prêt à les voir". La prof de philo pense aussi au film Un Français du réalisateur Diastème qui raconte l’histoire d’un skinhead sur le chemin de la rédemption : "le film a eu du mal à s’imposer dans les salles, il a essuyé des menaces, le travail de l’artiste n’est pas forcément facile".

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Bac : avoir une mention sert-il encore à...par Europe1fr