Automobiliste tué par un policier : où en est l'enquête ?

Le policier qui a tiré est mis en examen alors qu'il plaide la légitime défense
Le policier qui a tiré est mis en examen alors qu'il plaide la légitime défense © BERTRAND GUAY / AFP
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Guillaume Biet avec Marthe Ronteix
Alors que les proches du jeune homme abattu par un policier dans les rues de Paris vont participer à une marche blanche samedi, le policier qui a tiré doit encore s'expliquer sur les circonstances de son geste. Il est mis en examen et sous contrôle judiciaire.

Dix jours après la mort d'un automobiliste de 26 ans, tué par un policier à l'issue d'une course-poursuite dans les rues de Paris, une marche blanche est organisée à 14 heures samedi dans les rues de Vigneux-sur-Seine, dans l'Essonne, d'où était originaire la victime.

"La famille va se battre". Les proches du jeune homme tué veulent lui rendre hommage. Ils veulent aussi connaître la vérité et émettent des doutes sur la version du policier, mis en examen, qui a évoqué la légitime défense. "La marche blanche marque la détermination pour la famille de connaître la vérité dans cette malheureuse et très triste affaire", explique Olivier Lambert, l'avocat des parents de la victime au micro d'Europe 1 samedi. "La famille ne lâchera rien et elle va se battre avec les armes légales, pour que l'on sache précisément ce qui est arrivé à Romain et si les actes du policier étaient légaux, proportionnés. La famille pense que ce n'est pas le cas mais c'est à la justice de trancher."

Pourquoi une telle course-poursuite ? Une information judiciaire a d'ailleurs été ouverte et le policier incriminé a été mis en examen. Désormais toute l'enquête porte sur les circonstances de la course-poursuite et du tir mortel. En garde à vue et face au juge, le jeune policier de 23 ans a expliqué pourquoi il avait décidé de poursuivre cette voiture en montant à l'arrière du scooter d'un particulier, malgré la prise de risque pour lui et pour le conducteur de deux-roues, lancés à très vive allure derrière le chauffard sur plus de deux kilomètres dans le centre de Paris.

Le policier invoque la "légitime défense". Selon lui, c'était d'abord pour se rapprocher de la voiture pour pouvoir lire son immatriculation. Mais comme l'automobiliste multipliait les infractions, il a continué la poursuite. Une fois rue Condorcet, c'est "en légitime défense", affirme-t-il, qu'il a tiré sur l'automobiliste, une version que l'Inspection générale de la Police nationale (IGPN) et le magistrat confrontent aux témoignages et aux indices matériels.

Il n'aurait pas entendu l'ordre d'abandonner. Pendant la course-poursuite, la salle de commandement de la Préfecture de police a bien donné l'ordre par radio d'abandonner cette prise en chasse au vu des conditions rocambolesques et dangereuses. Pourquoi le policier n'a-t-il pas obéi ? Il assure qu'il n'a rien entendu avec le vent, le bruit, le stress. En attendant les conclusions de l'enquête, le policier reste mis en examen et sous contrôle judiciaire, avec interdiction d'exercer et de porter une arme.