Une dizaine de villes interdisent des affiches de prévention du sida montrant des homosexuels

La campagne du ministère de la Santé a été retirée de plusieurs villes.
La campagne du ministère de la Santé a été retirée de plusieurs villes.
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avec AFP , modifié à
La campagne de communication soutenue par le ministère de la Santé a notamment été retirée à Angers et Aulnay-sous-Bois à la demande du maire.

"Aimer, s'éclater, s'oublier. Les situations varient. Les modes de protection aussi". La campagne de communication soutenue par le ministère de la Santé sur la prévention du sida pour les couples homosexuels suscite de très vives réactions à droite. Lundi, la municipalité (LR) d'Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, a pris un arrêté interdisant la diffusion de cette campagne, jugeant les affiches contraires aux "bonnes mœurs". Une dizaine d'autres villes ont fait de même mais la ministre de la Santé a saisi la Justice. 

Les affiches retirées à Angers et dans une dizaine de villes. A Angers, également dirigée par un maire Les Républicains (LR), les affiches de la même campagne ont aussi été retirées. Une source proche de JC Decaux a expliqué qu'une dizaine de villes sur les 130 où la campagne est diffusée ont écrit à la société d'affichage pour lui demander de retirer ces affiches. Contractuellement l'entreprise est obligée de le faire à partir du moment où elle reçoit une demande écrite d'une municipalité, précise JC Decaux.

A Angers, le maire Christophe Béchu, a confirmé avoir demandé de retirer les affiches mais "uniquement aux abords des écoles (primaires) et sur le parcours des bus scolaires". "Cette décision a été prise pour protéger les enfants les plus jeunes des visuels et des messages", a-t-il expliqué. "Le contenu et la forme de la campagne peuvent être ressentis comme provocants", a encore déclaré Christophe Béchu, avertissant qu'il allait écrire à la ministre des Affaires sociales Marisol Touraine pour lui faire part de sa "surprise" et de son "indignation".

Pour l'équipe Fillon, ces affiches "choquent". Dans un arrêté signé lundi, le maire LR d'Aulnay-sous-Bois Bruno Beschizza considère que ces affiches sont "contraires aux bonnes mœurs et à la moralité" et "portent atteinte à la dignité au risque de heurter la sensibilité de l'enfance et de la jeunesse". L'arrêté précise que ces affiches, diffusées notamment sur les abribus, "devront être retirées ou masquées".

"Ce n'est pas neutre. Il y a un message en plus du message (...) Je voudrais savoir pourquoi on a choisi cette campagne-là, si l'agence de pub en a proposé d'autres et pourquoi on a retenu celle-là. Elle est très suggestive", a déclaré à Isabelle Le Callennec, députée LR et soutien de François Fillon, en marge du point de presse hebdomadaire au QG de François Fillon. "Il y a un message électoral en direction d'une communauté (...) les socialistes sont prêts à tout", a t-elle aussi déclaré, affirmant avoir reçu "des appels de parents, de familles, qui sont choqués".

La ministre de la Santé saisit la Justice. Marisol Touraine a annoncé mardi "saisir la justice" après la "censure" par "certains maires" d'une campagne de prévention contre le sida montrant des couples homosexuels, les élus jugeant les affiches contraires "aux bonnes moeurs" ou "provocantes". "Pour la santé publique et contre l'homophobie, je saisis la justice après la censure par certains maires de la campagne de prévention du VIH", a écrit la ministre de la Santé sur Twitter.

Dans un tweet, Stéphane Troussel, président PS du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, a aussi condamné l'initiative du maire d'Aulnay : "Cette droite pense que l'homosexualité est une maladie dont il faut protéger les enfants. #pathétique. L'homophobie tue!#loveislove".