Attentat "évité" : faut-il protéger davantage les églises ?

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et Laure Dautriche , modifié à
ENQUÊTE - Alors qu’un projet d’attentat en banlieue parsienne contre une ou plusieurs églises a été évité, certains voudraient mieux protéger les lieux de culte chrétiens. Mais qu’en est-il vraiment ? 

La polémique n’a pas manqué d’arriver. Alors que l’on a appris mercredi qu’un homme projetait dimanche de commettre un attentat contre une ou plusieurs églises en banlieue parisienne, certaines voix s’élèvent pour exiger plus de protection pour les lieux de culte chrétiens. C’est le cas du député UMP Philippe Meunier qui demande au gouvernement de "protéger nos églises comme il le fait pour les mosquées et les synagogues". Mais qu’en est-il vraiment ? Europe 1 a mené l'enquête. 

La protection des synagogues et les mosquées. Les synagogues et les mosquées sont certes plus protégées que les églises mais elles sont aussi beaucoup moins nombreuses. Gil Taieb, vice-président du Crif explique ainsi à Europe 1 que la quasi-totalité des synagogues est protégée en ce moment. On dénombre à peu près 300 synagogues en France. Du fait des attentats de janvier, ces synagogues étaient protégées 24 heures sur 24 mais depuis le mois dernier, elles ne le sont plus qu’à partir du moment où il y a du public.

Quant aux mosquées, une centaine seraient actuellement protégées sur 2.500, révèle à Europe 1 David Boubaker, le Président du Conseil français du culte musulman. Une protection qui s’exerce "pour celles qui risquent réellement quelque chose, comme les mosquées connues pour dénoncer le terrorisme" et qui a court essentiellement en région parisienne.  

178 églises protégées sur 45.000. Qu'en est-il alors de la protection des églises ?  La France en compte aujourd’hui 45.000. Selon la conférence des évêques de France (CEF) contactée par Europe 1, 178 églises sont aujourd'hui protégées. Ce qui fait 1 église sur 250. Quels sont les critères ? D’après les mots de la CEF, ce sont celles qui sont les fréquentées, les plus emblématiques, les églises touristiques. Des policiers et des militaires sont postés en permanence autour de ces 200 lieux de culte. D’autres églises sont aussi protégées mais de façon plus légère avec des patrouilles présentes uniquement lorsqu’il y a de l’affluence. 

Le cas de Notre-Dame de Paris. En parlant d’église touristique, comment ne pas parler de la cathédrale Notre-Dame, lieu le plus visité à Paris. La protection est ici maximale, 24 heures sur 24. Un représentant de la cathédrale explique à Europe 1 : "des agents de surveillance font des rondes à l’intérieur de la cathédrale et les visiteurs sont fouillés avant de rentrer dans la cathédrale". Par ailleurs, des patrouilles de police ainsi que des militaires stationnent à l’extérieur dans le cadre du plan vigipirate. Une protection assurée par la Préfecture de Police et qui a été renforcée depuis les attentats de janvier. 

“Eviter toute communautarisation des lieux de culte”. Alors, faut-il renforcer davantage ces lieux de culte ? A ce stade, ni le ministère de l’Intérieur ni les représentants de l’Eglise en France ne le souhaitent. Au ministère de l’Intérieur, on indique que "l’on veut éviter toute communautarisation des lieux de culte". De son côté, la conférence des évêques de France (CEF) appelle  à la vigilance mais ne veut pas que les églises deviennent des forteresses. Monseigneur Ribadeau-Dumas, porte-parole de la CEF, confie à Europe 1 : "ces églises doivent demeurer des lieux ouverts, des lieux d’accueil où chacun peut entrer et aller". "Il n’y a pas de risque zéro", ajoute-t-il, "nous le savons bien. Malgré toutes les protections que l’on peut prendre, les risques d’attentat demeureront". 

Un constat  partagé par les prêtres sur le terrain. L’Abbé Grosjean, curé de Saint-Cyr L’Ecole, en banlieue parisienne, reconnaît "qu’il est difficile de mettre deux policiers devant chaque église" mais qu’il fait "confiance aux services de police pour discerner les lieux qui en ont le plus besoin". Néanmoins, il ajoute : "les chrétiens étaient déjà ciblés dans le monde, aujourd’hui nous comprenons qu’ils le sont aussi dans notre pays". 

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