13-Novembre : des familles de victimes portent plainte pour non-assistance à personne à péril

90 personnes ont été tuées au Bataclan.
90 personnes ont été tuées au Bataclan. © Christophe Petit Tesson / POOL / AFP
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Europe1.fr avec AFP , modifié à
Une trentaine de victimes ou familles de victimes estiment que l'inaction de huit soldats de l'opération Sentinelle présents près du Bataclan a aggravé le bilan de l'attaque. 

Deux ans et demi après les attaques du 13 novembre 2015, ils veulent connaître l'entière vérité. Un collectif d'une trentaine de victimes ou familles de victimes de l'attentat qui a fait 90 morts au Bataclan va déposer vendredi une plainte par l'intermédiaire de ses trois avocats auprès du procureur de la République, "contre X pour non assistance à personne en péril", a-ton appris auprès de leurs avocats, confirmant une information du Parisien

Qui a donné l'ordre de ne pas intervenir ? En cause, le rôle de huit soldats membres de l'opération Sentinelle. Le soir de l'attaque du Bataclan, alors qu'une prise d'otages est toujours en cours dans la salle de concert, ces militaires pourtant équipés d'armes de guerre, des Famas, n'ont pas pu, sur décision de leur hiérarchie, prêter main forte aux policiers de la BAC et au commissaire de police intervenus sur les lieux. Ils ont également, toujours en application du règlement, refusé de donner leur arme aux policiers pour riposter aux tirs des djihadistes. 

Des faits déjà mentionnés, comme le rappelle Le Parisien, par une commission d'enquête de 2016 présidée par le LR Georges Fenech. "Clairement, un ordre a été donné aux soldats Sentinelle de ne pas engager le feu alors qu'ils avaient en ligne de mire des terroristes", explique ce dernier, confessant ne pas savoir qui avait donné l'ordre de ne pas intervenir.  

Devant la commission, un officier de la BAC du Val-de-Marne a expliqué avoir reçu pour réponse de la Préfecture de police de Paris : "Négatif, vous n'engagez pas les militaires, on n'est pas en zone de guerre". L'un des militaires "lui aurait également indiqué qu'il ne pourrait engager le feu, faute d'avoir reçu un ordre en ce sens", décrit le rapport.

"On leur a interdit une intervention physique, c'est-à-dire de rentrer (dans le Bataclan), mais aussi le prêt de matériel médical de premiers secours à des policiers", affirme Samia Maktouf, l'une des avocates, estimant qu'"on n'aurait peut-être pas empêché la mort de 90 personnes mais au moins évité des hémorragies qui ont donné la mort".

"L'État français responsable de l'ampleur du drame". "Saisi d'effroi et de colère" en lisant le rapport de la commission parlementaire, Sébastien Gomet, l'un des plaignants et frère d'une des victimes estime qu'"il n'y aurait pas eu ce lourd bilan de 90 morts au Bataclan si les soldats Sentinelle avaient pu intervenir". "Je voudrais que l'État français responsable de l'ampleur du drame le reconnaisse", conclut-il, qualifiant la plainte de "démarche de vérité". 

Selon les avocats, d'autres victimes pourraient se joindre à cette démarche "qui vise à établir clairement toutes les responsabilités et savoir précisément quelles sont les missions de Sentinelle, s'il ne s'agit pas d'intervenir lorsque des civils sont attaqués à l'arme de guerre". Me Samia Maktouf intente également une action en responsabilité de l'État devant le tribunal administratif. 

Interrogé par le quotidien, le porte-parole du gouverneur militaire indique "ne pas avoir de commentaires à faire".