Attaque au Louvre : les derniers jours d’Abdallah E. à Paris

© ALAIN JOCARD / AFP
  • Copié
Caroline Politi , modifié à
Alors que l’état de santé de l’assaillant présumé du Louvre s’est brusquement dégradé mardi soir, les policiers tentent de reconstituer ses derniers jours à Paris.

Des Champs-Elysées au quartier de la Bastille, le parcours d’Abdallah E. ne cesse d’intriguer les enquêteurs. Cet Egyptien de 29 ans, fils d’une riche famille originaire de Mansoura, dans le delta du Nil, est suspecté d’avoir attaqué avec des machettes des militaires vendredi 3 février, devant l’une des entrées du Carrousel du Louvre. Grièvement blessé au ventre après un tir de riposte, son état de santé s’est brusquement dégradé mardi soir, entraînant la suspension de sa garde à vue. Mais l’enquête se poursuit pour retracer son parcours à Paris les jours qui ont précédé l’attaque.

Entré légalement en France.Abdallah E. est arrivé en France parfaitement légalement le 26 janvier dernier, soit huit jours avant l’attaque. Il avait fait, dès le mois d’octobre, une demande de visa tourisme auprès d’un consulat aux Emirats Arabes Unis, pays dans lequel il réside avec sa compagne, enceinte de leur deuxième enfant. Celui-ci lui est accordé le 8 novembre. Aux dires de son père,  haut gradé de la police égyptienne à la retraite, il aurait fait croire à sa famille qu’il se rendait dans la capitale française pour un voyage d’affaires. Avant de partir, le jeune homme réserve un appartement –hôtel dans le VIIIe arrondissement de Paris, à deux pas des Champs-Elysées à 1.700 euros la semaine.

Autant d’éléments qui font supposer aux enquêteurs qu’Abdallah E. avait prémédité son acte. Lors de ses premières auditions, avant que son état de santé ne se dégrade, l’Egyptien avait nié toute velléité terroriste. Il s’était présenté comme un pacifiste qui avait l’intention de taguer des tableaux pour protester contre les bombardements de l’armée française en Syrie. Preuve en est selon lui : des bombes de peinture avaient été trouvées dans son sac. Sa version est néanmoins mise à mal par le témoignage d’un ami de l’assaillant, recueilli grâce à la coopération internationale. Il affirme qu’Abdallah E. lui a fait savoir qu’il ne rentrerait pas de France et lui a demandé de vendre ses affaires.

Achat de machettes et virement d’argent. Deux jours après son arrivée à Paris, le suspect se rend dans une armurerie du quartier de la Bastille pour acheter deux machettes – celles-là même qui serviront à l’attaque – qu’il règle en liquide pour 680 euros. Dès le lendemain matin, le 29 janvier, il participe à une visite guidée de trois heures au Louvre, révèle ce jeudi Le Parisien. "Je l’ai reconnu après avoir vu son visage dans les médias, confie le guide au quotidien. Ça m’a vraiment fait drôle après coup car c’était l’un des plus souriants du groupe…" Les enquêteurs estiment cependant qu’il était plus intéressé par la géographie des lieux que par les œuvres. Le groupe de touristes est entré dans le musée par l’entrée dans laquelle aura lieu l’attaque quelques jours plus tard.

Selon une source proche du dossier, qui confirme une information de BFMTV, les policiers ont également découvert que le suspect avait effectué deux virements par mandats cash – pour quelque 5.000 euros – dans un pays d’Europe les 31 janvier et 1er février. L’Egyptien avait-il un complice ? Lui aurait affirmé aux enquêteurs avoir agi seul. Sa trace se perd jusqu’au 3 février. A 9h34, Abdallah E. twitte "Pas de négociations, pas de compromis, fermeté et pas de retraite", après avoir cité un verset du Coran promettant le paradis à ceux qui sont tués en combattant pour Dieu. A 10 heures, il se présente devant le Louvre.