Après un ouragan, "il faut parfois deux jours" pour recenser les victimes

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Le travail des secours, eux-mêmes fortement touchés par le phénomène, est très compliqué sur les îles françaises de Saint-Martin et Saint-Barthélémy, coupées du monde.

Le bilan évolue prudemment jeudi matin, au lendemain du passage de l'ouragan Irma, qui a durement frappé les îles françaises de Saint-Martin et Saint-Barthélémy. Les autorités ont annoncé que la catastrophe avait fait huit morts et une vingtaine de blessés. Des chiffres très provisoires, de l'aveu même du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb. "C'est possible que lorsqu'on découvrira l'ensemble des deux îles, il y ait un bilan qui soit beaucoup plus lourd, hélas", a-t-il indiqué jeudi matin. En cause, l'importance des dégâts sur les deux îles, dont les routes sont impraticables et les secouristes ont perdu la majeure partie de leurs équipements.

La caserne de Saint-Barthélemy sous l'eau. Dès mercredi, la préfecture de la Guadeloupe faisait état de dégâts compliquant la tâche des secours, eux-mêmes dévastés. À Saint-Barthélémy, la caserne des pompiers était ainsi "inondée sous un mètre d'eau" et le personnel réfugié à l'étage. Tous les engins étaient hors service. La caserne de Saint-Martin était, elle, "sinistrée", et plusieurs toitures de la gendarmerie "envolées". Les deux îles étaient en outre déjà frappées par un black-out électrique total. Jeudi, EDF a annoncé que les centrales électriques de Saint-Martin et Saint-Barthélémy étaient "arrêtées et endommagées", laissant présager que la rétablissement de la situation prendrait du temps.

À ces difficultés vient s'ajouter l'ampleur des dégâts, encore mal connue en raison des mauvaises communications. Mais sur les réseaux sociaux, des photos montrent les rues inondées ou barrées d'arbres et de toitures envolées, les bateaux transformés en petit bois et les voitures noyées sous des mètres d'eau. Toutes les parties de l'île n'ont ainsi pas pu être explorées par les secours mercredi. Des opérations vers les zones les plus atteintes devaient encore être menées jeudi à la levée du jour (soit à la mi-journée heure de métropole).

"Il faut parfois attendre deux jours". Dans ces conditions, le bilan définitif de la catastrophe pourrait ne pas être établi dans les prochaines heures. Jeudi, un pont aérien doit être mis en place entre la Guadeloupe et les deux îles pour acheminer 60 pompiers et 70 militaires de la sécurité civile, venus de métropole avec 20 tonnes de matériel, dont des dispositifs de dégagement des victimes. Mais de l'aveu même de ces secouristes, interrogés par un journaliste d'Europe 1, "il faut parfois attendre deux jours après le passage d'un ouragan pour que les personnes touchées puissent être prises en charge".

" On n'est pas dans un schéma où on appelle le 18 ou le 112 "

"On n'est pas dans un schéma où on appelle le 18 ou le 112. On est dans un schéma où il va falloir faire des missions de reconnaissance", renchérit Patrick Hertgen, vice-président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France, au micro de Franceinfo. Les sapeurs-pompiers débarqués sont notamment équipés de tronçonneuses et devront progresser lentement dans les zones les plus touchées.

L'intervention des secours se fera donc en deux temps, explique Yannick Laurent, chargé de l'opérationnel à la Protection civile, invité d'Europe 1, jeudi midi. Passée la "priorité immédiate" d'exploration de la totalité de l'île, "l'objectif sera d'envoyer des effectifs de métropole avec du matériel lourd", pour organiser la vie de l'île.