Après Londres, quel risque incendie en France ?

L'incendie qui a ravagé la tour Grenfell à Londres pose la question de la sécurité de telles constructions en France.
L'incendie qui a ravagé la tour Grenfell à Londres pose la question de la sécurité de telles constructions en France. © Daniel LEAL-OLIVAS / AFP
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Sébastien Krebs et Caroline Philippe avec G.D , modifié à
L'incendie qui a ravagé la tour Grenfell à Londres dans la nuit de mardi à mercredi suscite des interrogations au niveau de la sécurité. Cela pourrait-il se produire dans un immeuble de même type en France ?
L'ENQUÊTE DU 8H

A Londres, la colère monte. Un frigidaire serait à l'origine de l'incendie qui a ravagé la tour Grenfell, dans la nuit de mardi à mercredi, faisant au moins douze morts selon un bilan toujours provisoire qui pourrait s'aggraver. Les habitants pointent une sécurité insuffisante, et notamment un isolant hautement inflammable, posé il y a à peine deux ans. Un incendie d'une telle ampleur pourrait-il se produire dans une tour similaire en France ?

Des règles extrêmement strictes. En France, ces tours doivent respecter un certain nombre de règles de sécurité extrêmement strictes. Les "immeubles de grande hauteur" comme on les appelle dès qu'ils dépassent 50 mètres (environ 15 étages), ont l'obligation de disposer d'un PC sécurité en au bas de la tour, avec des agents présents 24 heures sur 24.

Par exemple, à Paris dans le 13e arrondissement, un petit exercice s'est déroulé mercredi après-midi : "Les portes coupe-feu ascenseur se ferment, les moteurs de désenfumage se mettent en route avec soufflage plus extraction. On fait l'évacuation générale de l'étage." Et ce système est efficace : "On a eu un cas il y a à peu près deux ans. Un appartement a bien brûlé, mais ça ne s'est pas propagé, ni à droite ni à gauche."

Tout est très réglementé, avec la présence de détecteurs de fumées, colonnes d'eau réservées aux pompiers, deux escaliers de secours... Et tout cela est étroitement contrôlé par une commission de sécurité, envoyée par la préfecture tous les trois ans, voire tous les six mois en cas de défaut.

L'incompréhension des experts. Normalement, le feu ne pourrait pas se propager aussi vite qu'à Londres, dans une tour française. Les experts ne comprennent d'ailleurs pas ce qu'il s'est passé dans la tour Grenfell, même si les normes britanniques sont moins drastiques. Une tour, c'est un assemblage de compartiments étanches, comme des boites empilées, isolées par des sas, des portes coupe-feu, qui doivent contenir l'incendie sur un seul étage.

"Pour avoir une propagation d'un étage à un autre, il faut deux heures de temps. Là, il y a la brigade juste en face, ils sont là en deux-trois minutes. On est bien armé pour réagir dans les cinq minutes maximum", assure Nadham Seroual de la société de sécurité G2S, toujours dans la tour du 13e arrondissement de Paris.

L'incivilité, principal risque. Et si l'immeuble n'est pas aux normes, il peut y avoir des sanctions financières, voire pénales, contre le bailleur par exemple. Cela peut aller jusqu'à l'interdiction d'habiter l'immeuble. Mais souvent, les incendies les plus graves sont surtout dus à de mauvais comportements. "La meilleure des portes coupe-feu ne résiste plus si les gens la laissent ouverte, voire la bloquent ou la démontent. Les incivilités qui consistent même à voler les extincteurs peuvent conduire à des bilans graves en cas d'incendie", prévient le lieutenant-colonel Gouéry, expert à la Fédération nationale des Sapeurs pompiers de France.

Mais finalement, ce ne sont pas les tours qui inquiètent le plus pompiers et experts, mais les immeubles plus petits, plus anciens, rarement aux normes, et qui ne sont pas soumis aux mêmes règles ni à la même surveillance.