L'ancienne mosquée de Lagny-sur-Marne, fermée en décembre 2015. 1:45
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Theo Maneval et B.B , modifié à
Les fidèles de l’ancienne mosquée se plaignent d n e plus avoir d’endroit où prier. Et le maire, lui, craint une radicalisation des jeunes du quartier.
REPORTAGE

La mosquée de sa commune avait été fermée en décembre 2015 par l'Etat car considérée comme "un foyer d'idéologie radicale". Deux de ses dirigeants avaient été placés en garde à vue et les associations qui géraient la mosquée dissoutes. Et bien aujourd'hui le maire UDI de Lagny-sur-Marne en appelle de nouveau à l'Etat, cette fois pour faire cesser les prières de rue.

Elles ont lieu quotidiennement sur une place de la ville, rassemblant jusqu'à une quarantaine de fidèles, qui protestent contre l'absence de lieu désormais pour exercer leur culte. Europe 1 s’est rendu sur place.

"Le risque, c’est qu’il y ait une radicalisation". Il est bientôt 17 heures, vendredi,  quand  une douzaine d'hommes s'agenouillent sur des tapis de prière, posés sur le bitume de la place Marcel-Rivière. Ce rituel, silencieux, a lieu cinq fois par jour depuis plusieurs mois. Et pour le maire UDI Jean-Paul Michel, il doit cesser : "je crains qu’ils cherchent à entraîner les jeunes du quartier. Le risque, derrière, c’est qu’il y ait une radicalisation, car il y a du prosélytisme. Il est absolument incompréhensible, alors que nous sommes en état d’urgence, qu’on ne puisse pas régler un problème de sécurité public. On demande que l’Etat fasse cesser ces troubles".

"Pour nous, aller prier ailleurs, c’est impossible". "Radicalisation", "prosélytisme", des accusations rejetées par ces fidèles. Hors-micro, ils disent payer pour une poignée de membres radicaux de l'ancienne mosquée. Youssef Zafour est le trésorier de leur nouvelle association "Es Salam" : "on a été obligé de faire un geste anti-républicain pour faire entendre notre voix et qu’on nous donne une solution. Il y a vraiment un sentiment d’injustice dans le sens où on ferme une mosquée pour deux individus ! Pour nous, aller prier ailleurs, c’est impossible. Les trois mosquées environnantes, c’est pratiquement une heure à chaque fois. On n’a pas de solution."

Le ministère de l'Intérieur n’a pas tranché. Pour clarifier les choses, la mairie demande donc à l'Etat de trancher : ou bien il y a toujours un problème de radicalisation et il faut empêcher ces prières de rue ou bien ce n'est plus le cas et il faut laisser rouvrir une mosquée. Le ministère de l'Intérieur n'a pour l'instant transmis aucune réponse.