Après Charlie : que disent les dessins de nos enfants ?

Boris Cyrulnik
Boris Cyrulnik
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A.D
Boris Cyrulnik, neuropsychiatre, analyse les dessins réalisés par les enfants post-attentats, sur Europe 1.
INTERVIEW

10.000 dessins, réalisés en classe après les attentats et envoyés spontanément à Charlie Hebdo. Boris Cyrulnik, neuropsychiatre et psychanalyste, a rédigé huit textes qui accompagnent 150 de ces dessins sélectionnés dans l'album hommage #Je dessine, paru mercredi aux éditions Les Échappés. Il est l'invité de David Abiker ce samedi dans C'est arrivé cette semaine.

"Prendre la parole, prendre le dessin, c'est une légitime défense, explique le psychanalyste. Ces dessins sont en fait des discours. Quand un enfant a du mal à s'exprimer par les mots, il le fait par les dessins. C'est une manière de reprendre possession de son monde intime. On redevient sujet alors que l'on a été objet, bousculé par un événement." En ayant étudié les différents réalisations, il en tire une conclusion positive : "les enfants ont manifesté une union", à la fois pour signifier qu'ils ne se soumettraient pas mais aussi qu'ils ne se vengeraient pas.

Du sang. Le journaliste souligne une différence entre les informations, qui se refusent à montrer du sang et les dessins, qui eux, représentent souvent des flaques de sang. Pour eux, "le sang fait partie de l'attentat et les enfants dessinent plus ce qu'ils pensent que ce qu'ils voient, annonce Boris Cyrulnik. Ils ont dit l'émotion dans laquelle ils baignaient : celle de leurs parents, celle des journalistes. Ils ont dessiné ce qu'ils sentaient. Moi j'ai été enchanté par leurs réactions, parce qu'ils voulaient devenir des adultes libres."