Antisémitisme, racisme : la "cause nationale", une coquille vide ?

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Après l’agression d'un couple, ciblé pour ses origines juives, Bernard Cazeneuve a annoncé vouloir "faire de la lutte contre le racisme et l'antisémitisme une cause nationale". 

Quelques jours après l’agression d'un couple ciblé pour ses origines juives, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve a fait dimanche le déplacement à Créteil. Face à plusieurs centaines de personnes rassemblées pour dénoncer cette attaque, il a annoncé vouloir faire de la lutte contre le racisme et l'antisémitisme “une cause nationale". 

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Une annonce plusieurs fois répétée par le gouvernement. “Ce doit être une grande cause nationale que de lutter inlassablement contre le racisme et l'antisémitisme”, affirmait  déjà François Hollande au mois de juillet. A l’occasion de cérémonie d’hommage aux victimes de Mohamed Merah, en novembre 2012, le président avait également exigé que la sécurité des Juifs soit  “une cause nationale”.

Différent de la “grande cause nationale”. Des annonces qui diffèrent de la “grande cause nationale”, définie par une circulaire de septembre 2010. Chaque année, ce label gouvernemental ouvre la voie à la diffusion de campagnes publicitaires sur les chaînes et radios publiques, en faveur d’une unique campagne reconnue comme d’intérêt général. Après l’engagement associatif en 2014, Manuel Valls a fait savoir que la lutte contre le réchauffement climatique serait déclarée “grande cause nationale” 2015. 

Les mesures. Mais face à l’émoi suscité par l'agression, Bernard Cazeneuve a voulu marquer sa détermination. Il a ainsi affirmé dimanche avoir "donné instruction aux préfets de signaler aux procureurs de la République tous les actes et toutes les paroles racistes et antisémites afin qu'aucun ne demeure impuni".

Invité de France Info lundi matin, il a rappelé que le gouvernement devait “mobiliser toutes les administrations, l’administration de l’Intérieur, bien entendu, mais aussi l’Education nationale, le ministère de la Ville, le ministère de la Jeunesse et des Sports, pour faire en sorte que ces haines reculent “. 

“C’est un premier pas”, estime lundi Roger Cukierman, le président du Crif, le conseil représentatif des institutions juives.”Cela pourrait permettre de mobiliser les forces vives de la nation pour éradiquer le cancer qu’est l’antisémitisme”, a-t-il poursuivi. 

Même satisfaction du côté du Mrap, le mouvement contre le racisme et l’amitié entre les peuples. “Tenir ce discours à Créteil, au moment où il se passe des choses graves, ça ne peut être que positif”, souligne Pierre Mairat, co-président du Mrap. “Au-delà des grandes causes, il ne faut pas se gargariser de mots. Nous avons besoin d’actes, et nous sommes en ce moment bien loin du compte”, déplore Pierre Mairat.