Anonymat du don de gamètes : "les donneurs devraient pouvoir se rétracter"

René Frydman
René Frydman veut laisser la possibilité aux donneurs de dévoiler leur identité ou non. © Europe 1
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M.Be , modifié à
René Frydman, obstétricien qui a permis la naissance du premier bébé-éprouvette français, prône pour accorder plus de souplesse au donneur de gamètes sur la révélation de son identité à l'enfant.
INTERVIEW

A deux jours du lancement des Etats généraux de la bioéthique, le débat sur le "droit aux origines" et l’anonymat des donneurs de gamètes est relancé. Arthur, né d’un don de sperme il y a 34 ans, a témoigné sur Europe 1 mardi de son parcours pour retrouver, avec succès, son père biologique. "C’est assez improbable dans la mesure où en France, depuis que le don de sperme a été proposé dans les années 1970, l’anonymat est strictement appliqué", rappelle dans Europe Soir le Pr. René Frydman, gynécologue-obstétricien qui a permis en 1982 la naissance du premier bébé-éprouvette français.

Le strict anonymat des donneurs français. L’histoire d’Arthur est, selon l'obstétricien, "emblématique de la problématique actuelle où un certain nombre d’enfants nés d’un don de gamètes (environ 170.000 en France, ndlr) souhaitent ardemment remonter jusqu’à leur parent biologique". Si les parents ont la liberté de dire ou non à leur enfant qu’il est le fruit d’un don, et si les enfants ont la liberté de rechercher ou non leur géniteur, reste que le donneur est aujourd’hui en France contraint à l’anonymat. Estimant qu’il faut s’attaquer à cette question, René Frydman se pose en défenseur de la liberté de tous et notamment de celle du donneur.

" Ca réduirait de beaucoup toutes les angoisses "

Plus de souplesse pour le donneur. "Le donneur pourrait avoir la liberté de se dédire, même s’il a dit dans un premier temps qu’il était d’accord" pour livrer son identité, détaille le médecin. "Il faudrait que tous les donneurs et donneuses passent par un cadre national, et qu’ils aient l’occasion de pouvoir se rétracter, ainsi tout le monde serait libre", prône-t-il. Dans un tel cas, un enfant né d’un don ne pourrait connaître son parent biologique que dans le cas où celui-ci aurait donné son accord : "ça réduirait de beaucoup toutes les angoisses qui peuvent exister", estime le médecin.

L’exemple anglais. Et René Frydman de citer l’exemple contraire de l’Angleterre, où les donneurs, femmes et hommes, sont obligés de s’inscrire sur un registre national, ce qui permet ainsi à l’enfant, s’il le souhaite, de remonter jusqu’à leur identité. "Appliquer à tout le monde soit un anonymat forcé soit une révélation forcée ne correspond pas à notre société, qui a besoin d’une certaine souplesse et liberté", conclut-il. D’autant que ce "droit aux origines" peut se manifester 18 ans après le don, lors de la majorité de l’enfant.