Ancien otage de Daech, Didier François raconte la "personnalité complexe" de Mehdi Nemmouche

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M.Be , modifié à
Didier François, journaliste à Europe 1 et ancien prisonnier de l'organisation État islamique, revient sur la personnalité de son ancien geôlier Mehdi Nemmouche.
INTERVIEW

Il esquisse le profil d’une personnalité complexe et agressive. Didier François, journaliste à Europe 1 et détenu pendant 10 mois par l’organisation État islamique en Syrie en 2013, est revenu sur le portrait de son geôlier Mehdi Nemmouche, mis en examen mercredi par la justice française pour enlèvement et séquestration de quatre journalistes français. "La première fois que je l’ai vu, il est entré dans la cellule où j’étais avec Edouard Elias, avec sa voix forte et puissante", a raconté Didier François dans Hondelatte Raconte.

"Extrêmement agressif". "Il était l'un des gardes chargés de faire en sorte que nous ne nous échappions pas, et il était armé. Il faisait les tours pour nous amener aux toilettes, il fouillait la cellule", détaille notre journaliste qui affirme avoir eu Mehdi Nemmouche pour geôlier pendant plusieurs mois. "On se parlait en français, mais on n’était pas dans un échange très détendu car lui était un garde et nous ses prisonniers." "Dans un premier temps, on a été face à un Nemmouche extrêmement agressif et violent verbalement, avec nous et surtout moi. Il me disait ‘t’es une grosse merde’, ‘on va te buter’", se rappelle-t-il. "C’était tous les jours, et surtout dans les déplacements pour aller aux toilettes, avec des bousculades, parfois des coups au moment des fouilles."

" Cette détestation absolue est devenue une sorte de curiosité "

Des quizz sur la Bosnie. Dans la deuxième phase de détention du groupe de journalistes français, Mehdi Nemmouche dévoile une autre facette de sa personnalité. "Il était dans une confrontation assez forte, avec une volonté de s’imposer et puis au fur et à mesure, il est devenu curieux, notamment sur la Bosnie qui était une de ses passions", se rappelle Didier François, qui a été deux ans à Sarajevo pour le journal Libération en 1992. "Petit à petit, cette espèce de détestation absolue est devenue une sorte de curiosité, il venait me faire des quizz pour voir si je mentais ou pas, donc on est rentrés dans une relation étrange où il y avait à la fois de la violence qu’il avait du mal à contenir et cet intérêt pour les gens que j’avais pu rencontrer en Bosnie."

Le chant, les blagues et les imitations. "Nemmouche, c’est une personnalité complexe : il est capable d’une grande violence et peut avoir des aspects un peu étonnants pour un djihadiste de base : il chantait – ce qui est interdit par l’EI -, il adorait faire des blagues, il imitait des humoristes", raconte encore Didier François, qui affirme également que Mehdi Nemmouche n’était "pas un idéologue qui essayait de le convertir".