Alpes : des militants d'extrême droite vont bloquer le col de l'Echelle, lieu de passage de migrants

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Le col de l'Echelle, dans les Hautes-Alpes, sert de point de passage de migrants depuis plusieurs mois. © Piero CRUCIATTI / AFP
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avec AFP , modifié à
Les militants de Génération identitaire entendent passer la nuit au col de l'Echelle, et mettre en place une "frontière symbolique" avec l'Italie face à l'afflux de migrants.

Une centaine de militants du mouvement d'extrême droite Génération identitaire (GI) montaient samedi matin au col de l'Echelle (Hautes-Alpes), point de passage de migrants depuis plusieurs mois, pour en "prendre possession et veiller à ce qu'aucun clandestin ne puisse rentrer en France". Ce col est un "point stratégique de passage des clandestins" depuis l'Italie, a fait valoir à un correspondant de l'AFP un porte-parole de GI, Romain Espino, en dénonçant "un manque de courage des pouvoirs publics". "Avec un petit peu de volonté, on peut contrôler l'immigration et les frontières".

Pas d'Eldorado. Le groupe de militants, composé majoritairement de Français, compte aussi des Italiens, Hongrois, Danois, Autrichiens, Anglais et Allemands. Après une ascension commencée après 9 heures, en raquettes sur la neige, ses membres prévoient de matérialiser une "frontière symbolique" à l'aide de grillage en plastique de chantier et de passer la nuit au col. Il s'agit d'"expliquer aux migrants éventuels que ce qui n'est pas humain, c'est de faire croire à ces gens qui traversent la Méditerranée ou les Alpes enneigées que ces parcours ne présentent aucun risque. C'est faux", a déclaré Romain Espino. "Ils ne vont pas trouver l'Eldorado, c'est immoral. Ceux qui en payent les frais, ce sont les Français", a-t-il ajouté.

1.900 migrants refoulés en 2017. Culminant à 1.762 mètres, le col de l'Echelle est situé à six kilomètres de la frontière avec l'Italie. Depuis un an, les Hautes-Alpes connaissent une augmentation exponentielle d'arrivées de jeunes, majoritairement de Guinée (Conakry) et de Côte d'Ivoire (pourtant première puissance économique d'Afrique de l'Ouest). Selon la préfecture, 315 personnes en situation irrégulière ont été refoulées vers l'Italie en 2016 et 1.900 en 2017.

Contrôle aux frontières.La pression migratoire reste "forte" à la frontière franco-italienne dans son ensemble, a indiqué vendredi soir le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, rappelant que 50.000 non-admissions avaient été prononcées en 2017. "Nous avons décidé de renouveler les contrôles aux frontières pour six mois", a-t-il ajouté devant les députés lors des débats du projet de loi asile immigration, texte très controversé qualifiée à la fois de "petite loi" par Les Républicains et d'"inhumaine" par la gauche.

Des actions coup de poing. Fondé en 2012, Génération identitaire (GI) avait affrété en juillet 2017 le navire C-Star dans le cadre de sa campagne "Defend Europe" en Méditerranée, pour dissuader les ONG de secourir les migrants en mer. Arrivée le 5 août au large de la Libye, l'opération avait pris fin le 17 août. Le mouvement privilégie des actions au fort retentissement médiatique, comme la fabrication d'un mur devant un futur centre d'accueil pour demandeurs d'asile à Montpellier en septembre 2016 ou encore, à l'hiver 2013, des maraudes pour venir en aide aux sans-abris, destinées uniquement aux "Français de souche".