Ajaccio : les manifestations émaillées de slogans xénophobes

© YANNICK GRAZIANI / AFP
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Salomé Legrand et Thibauld Mathieu
Depuis vendredi, Ajaccio est le centre de tensions extrêmes. Aux portes du quartier des Jardins de l'Empereur, les manifestants expriment leur colère, avec des propos xénophobes parfois très violents.
REPORTAGE

Après la violence physique, la violence verbale. Vendredi, une salle de prière musulmane avait été saccagée pour protester contre l'attaque subie jeudi par deux pompiers et un policier, dans un quartier populaire d'Ajaccio. Même si dimanche, les manifestants ont scandé "on n'est pas racistes", les slogans islamophobes résonnent pourtant à chaque rassemblement, comme l'a constaté la reporter d'Europe 1.

"On ne veut pas du Bataclan ici". "Les Arabes, dehors", ou encore "On est chez nous"... certains manifestants vont même jusqu'à faire l'amalgame entre islam et délinquance, et même entre islam et terrorisme. "On ne veut pas du Bataclan ici", scande un homme. "Ne venez pas me dire qu'il y a des Arabes gentils. Ce sont tous les mêmes", poursuit-il.

"On ne va pas se laisser faire". Beaucoup, comme Paul, refusent d'être taxés de xénophobie, mais le message reste clair. "Je n'accepte pas de voir que, quand deux pompiers rentrent dans un quartier, on les frappe, le soir de Noël. A mon avis, ce sont des Maghrébins qui ont entre 15 et 20 ans, et qui se prennent pour n'importe qui. On n'est pas sur Paris ou Marseille. Chez nous, ça ne va pas se passer comme ça, on ne va pas se laisser faire."

Une surprise pour les habitants. Des mots de plus en plus durs qui surprennent Elena, qui habite les Jardins de l'Empereur depuis des années. Pour la première fois, elle a vu des amis, des connaissances, basculer dans un discours xénophobe. "Ça a été la grosse surprise, la grosse déception, et la grosse question : pourquoi ? Je ne sais pas y répondre, et ça, c'est stressant. Qu'est-ce qui a fait que ces gens soient devenus comme ça ?", se demande la jeune femme. Même si, comme le maire d'Ajaccio, elle insiste : "ce n'est pas la majorité des gens de la ville, ni des Corses". Ce sont en tout cas ceux qui se font le plus entendre, au pied des immeubles de ce quartier populaire.

L'injure publique raciale, nationale ou religieuse est punie d'une peine de six mois d'emprisonnement et d'une amende de 22.500 euros. La provocation non publique à la discrimination, à la haine ou à la violence nationale, raciale ou religieuse, est quant à elle passible de 1.500 euros d'amende. Lundi matin, le quartier était toujours quadrillé par la police. Les autorités craignent de nouveaux actes islamophobes.