Agressions homophobes : "Chacun d'entre nous devrait se sentir concerné", selon Axel Kahn

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Anaïs Huet , modifié à
Face aux agressions homophobes, qu'elles soient verbales ou physiques, la société civile et les politiques doivent agir, appelle le médecin Axel Kahn sur Europe 1.
INTERVIEW

Une personne homosexuelle est agressée toutes les 33 heures en France. "Ce chiffre est la marque d'un recul important de la tolérance", alerte Axel Kahn au micro de Matthieu Noël, mercredi sur Europe 1. Avec plusieurs dizaines de personnalités, parmi lesquelles Muriel Robin, Florence Foresti ou encore Robert Badinter, le médecin a signé une pétition en ligne, à l'initiative de L'Express, appelant les politiques à agir contre l'homophobie.

Une violence "insupportable". "Ce sont des personnes qui sont agressées pour ce qui appartient à leur vie privée. C'est insupportable", s'émeut Axel Kahn, qui dit avoir été témoin lui-même de "remarques extrêmement déplacées." "À chaque fois que l'on agresse quelqu'un comme cela, c'est chacun d'entre nous qui devrait se sentir concerné. L'humanité ne se divise pas en petits bouts comme on déchirerait une feuille de papier. Elle est une globalité, et elle est attaquée quand l'une de ses parties est niée, menacée", défend-il.

 

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Le rôle des réseaux sociaux. Selon les dernières données du ministère de l'Intérieur, 1.026 infractions homophobes ou transphobes avaient été relevées en 2017, dont 262 pour les seules agressions physiques. "Je pense qu'il y a un phénomène en partie lié à l'exacerbation des tensions et de l'agressivité, et peut-être en parallèle avec les réseaux sociaux. Dans l'anonymat, on peut se laisser aller à toutes les agressions. Cela désinhibe les personnes. C'est d'une violence absolument incroyable", dénonce le médecin.

"Pas de tolérance" avec l'homophobie. Dès lors, comment agir pour enrayer ces agressions physiques et verbales à l'encontre des LGBT+ ? Les signataires de la pétition appellent les politiques à "prendre des décisions à la hauteur." "Sur la voie publique, il faut une protection des personnes. Lorsqu'il y a une poursuite judiciaire, il faut qu'elle aille à son terme. Que les personnes soient effectivement condamnées à ce que prévoit la loi. Il ne doit pas y avoir de tolérance dans ce domaine", martèle Axel Kahn.

La fonction "pédagogique" de la loi. Le médecin insiste aussi sur la nécessité d'allier la pédagogie à la répression. "Il n'y a pas une méthode qui doit primer par rapport à l'autre. Il faut naturellement que les jeunes soient éduqués à ce que signifie la loi. La sanction n'a pas qu'un pouvoir dissuasif, la loi pénale a une fonction pédagogique. Elle indique ce que la société considère comme trop grave pour être accepté. C'est le stade ultime d'un effort pédagogique totalement indispensable."