Agression antisémite : les "loups" de Créteil fixés sur leur sort vendredi

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Devant le cour d'assise de Créteil (image), les avocats des cinq accusés ont réfuté le caractère antisémite de l'agression. © FRED DUFOUR / AFP
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Pierre de Cossette, édité par Romain David , modifié à
L'avocate générale a requis de huit à vingt ans de prison pour les cinq accusés de la très violente agression d'un jeune juif et de sa compagne en 2014.

Le verdict du procès de l'agression antisémite d'un jeune juif et de sa compagne en 2014 est attendu vendredi devant la cour d'assises du Val de Marne. Jeudi, l'avocate générale a demandé des peines allant de huit à vingt ans de réclusion criminelle, qualifiant de "loups" les cinq accusés. Leurs avocats, eux, ont fait feu de tout bois dans leurs plaidoiries pour semer le doute dans l'esprit des jurés et les convaincre que l'antisémitisme n'était pas en cause dans ce cambriolage assorti de violences, et même d'un viol.

"C'est n'importe quoi". Six heures durant, chacun leur tour, ils ont sorti l'artillerie lourde. Le ministre de l'Intérieur de l'époque, Bernard Cazeneuve, en a pris pour son grade, lui qui, sitôt après l'agression, employait déjà le mot "antisémite". Une avocate dénonce ainsi une atteinte à la séparation des pouvoirs, avant de tailler en pièces le travail de la juge d'instruction : "Cette procédure, c'est n'importe quoi". En cause : le fait que son client soit le seul accusé pour le viol de la jeune femme, alors même que la victime est incapable de reconnaître physiquement son agresseur. L’avocate désigne, sur le banc l'autre potentiel suspect, noir lui aussi, "désolée d'en arriver là".

Antisémites ou "ignorants" ? Car dans leurs plaidoiries, non contents de cibler politiques, policiers et magistrats, les avocats ont aussi parfois dû, pour dédouaner leurs clients, se défausser sur leurs complices.  Et pour ce qui est de l'antisémitisme ? Les accusés sont avant tout "des ignorants", "des branquignoles" répondent leurs avocats  malgré les repérages et les objets cultuels renversés dans l'appartement.

Un suspect toujours en cavale. Quant à celui qui, lors du cambriolage, avait évoqué une vengeance pour "ses frères en Palestine", il n'est pas dans le box, toujours en fuite quatre ans après. Les jurés ont-ils été convaincus ? Ils devront répondre en tout à 62 questions. Les délibérations pourraient être longues.