Affaire Troadec : une étrange ferme au cœur de l'enquête

Lydie Troadec et Hubert Caouissin avaient acquis cette propriété il y a deux ans.
Lydie Troadec et Hubert Caouissin avaient acquis cette propriété il y a deux ans. © AFP
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Les enquêteurs concentrent leurs recherches sur une propriété isolée de Pont-de-Buis, dans le Finistère, où les corps de la famille Troadec ont été démembrés et partiellement brûlés.

 

"On n'habite pas là par hasard", commentait mardi un policier, interrogé par Le Télégramme. Depuis les aveux d'Hubert Caouissin, qui a confessé avoir tué Pascal Troadec, sa femme et ses deux enfants, les enquêteurs quadrillent une vaste propriété de Pont-de-Buis-lès-Quimerch, dans le Finistère. Une grande ferme de pierre, isolée et entourée de 32 hectares de terrain, au lieu-dit Le Stang. C'est là que le meurtrier présumé affirme avoir démembré les corps de la famille d'Orvault, tuée pour une histoire d'héritage mal partagé.

À peine visible de la route. La bâtisse, à peine visible de la route, se situe au fond d'un vallon traversé par l'Aulne, près d'un échangeur de la quatre-voies vraisemblablement empruntée par Hubert Caouissin pour rapatrier les corps depuis la région nantaise. Sur la boîte aux lettres, l'encoche réservée au nom des résidents est vide. À même la boîte, les lettres "TROADEC" sont tracées en blanc mais à peine lisibles, comme écrites à la craie. Dans cette ferme vivait Lydie, sœur de Pascal et compagne d'Hubert. Elle est accusée de l'y avoir aidé à se débarrasser des corps.  

Selon la voisine du couple, la propriété a été rachetée "il y a deux ans, mais on n'a jamais su par qui". Aucun des riverains n'a jamais croisé le couple. Tout juste savaient ils quand la maison était occupée, grâce à la fumée dans la cheminée. Le maire de la petite localité, Roger Mellouët, abonde, affirmant ne "pas connaître" les propriétaires. "Ils ne participaient à rien, ils n'étaient pas du tout intégrés. Ils n'étaient pas inscrits sur les listes électorales." Les factures de cantine prouvent que le fils du couple, âgé de 8 ans, a un temps été scolarisé à l'école de la commune. Depuis la rentrée 2016, il ne l'était plus.

Une maison "triste et impressionnante". "C'est un drôle d'endroit", a confié une source proche de l'enquête au Télégramme. "Cette maison est triste et impressionnante. Comme si beaucoup de choses avaient été négligées, jetées là depuis trois ans." Et de souffler : "je pense qu'on a affaire à d'étranges personnages". Autour de la bâtisse, les photos montrent un terrain en friche, "particulièrement accidenté, détrempé, végétalisé" et "à certains endroits, marécageux", selon les mots de Jean-René Personnic, chef de la police judiciaire de Nantes, en charge des investigations.

Depuis lundi, c'est sous une fine bruine ajoutant à ce lourd climat que les enquêteurs mènent leurs investigations. Mercredi, ils ont été rejoints par le principal suspect, transféré depuis sa prison nantaise et "coopératif" selon le procureur de la République de Nantes. En suivant ses indications, les gendarmes ont trouvé des fragments de corps humain et des bijoux appartenant à la famille Troadec. En garde à vue, le meurtrier présumé avait reconnu avoir brûlé une partie des corps et enterré une autre, visiblement sur sa propriété.

Des berges boueuses de l'Aulne aux sous-bois du vaste terrain, les enquêteurs vont donc poursuivre leurs recherches jusque tard dans la nuit, puis à nouveau jeudi. Dans cette commune située à 40 km de Brest, l'affaire Troadec pourrait bientôt connaître son épilogue.