Affaire Troadec : ces questions toujours en suspens

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Des restes des corps de la famille Troadec ont été découverts autour de la ferme de leur meurtrier présumé, dans le Finistère. © AFP
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M.L
Hubert Caouissin, meurtrier présumé des quatre membres de la famille de son beau-frère,  Pascal Troadec, doit être entendu par des juges d'instruction, jeudi.

Fin février, l'affaire "hors normes" a tenu enquêteurs et médias en haleine pendant près de deux semaines : une famille entière mystérieusement disparue près de Nantes, des indices disséminés dans le Nord-Finistère et une voiture abandonnée sur un parking de Saint-Nazaire…  Qu'était-il advenu du couple Troadec et de leurs enfants, Sébastien et Charlotte ? Le 5 mars dernier, Hubert Caouissin livrait sa réponse, confessant, pour une histoire d'héritage mal partagé, les quatre crimes, le transport et la destruction, avec la complicité de sa compagne, des corps des victimes. Mais un mois plus tard, l'histoire, dont la seule version connue est celle du meurtrier présumé, non sans incohérences, est loin d'avoir connu son épilogue. L'audition de l'employé de l'Arsenal de Brest par des juges d'instruction, jeudi à Nantes, pourrait répondre à certaines des questions des enquêteurs.

Comment les faits se sont-ils déroulés ?

Hubert Caouissin affirme avoir seulement voulu "espionner" la famille Troadec dans la nuit du 16 au 17 février à Orvault. Le meurtrier présumé dit être venu sans arme, seulement muni d'un stéthoscope pour écouter aux portes et aux fenêtres. C'est en entrant dans la maison, par le garage puis la buanderie, dans le but de récupérer une mystérieuse clé, qu'il aurait réveillé Pascal et Lydie Troadec. Ceux-ci seraient descendus dans le salon avec un pied de biche. Une altercation entre les deux hommes aurait mal tourné et Hubert Caouissin aurait tué Pascal puis Brigitte avec leur propre arme, avant de monter à l'étage et d'assassiner, de la même manière, les deux enfants du couple.

Problème : selon Ouest-France, le fameux pied de biche n'a jamais été retrouvé. Le récit d'Hubert Caouissin soulève en outre plusieurs questions : comment un homme seul a-t-il pu tuer deux adultes dans une bagarre, qui plus est sans réveiller leurs enfants de 18 et 21 ans, dormant à l'étage ? Pourquoi aucune trace du sang de Charlotte Troadec n'a été retrouvée dans le pavillon, contrairement aux trois autres membres de la famille ? Des restes humains appartenant aux quatre victimes ont bien été retrouvées autour de la ferme du meurtrier présumé. Mais le démembrement des corps, dont une partie a été brûlée, ne facilite pas le travail des enquêteurs.

Quel est le degré d'implication exact de Lydie Troadec ?

C'est l'une des principales questions que les juges tentent d'éclaircir. La compagne d'Hubert Caouissin qui est aussi la sœur de Pascal Troadec, est mise en examen pour "modification de l'état des lieux d'un crime et recel de cadavre". Selon le récit livré par le couple et rapporté par le procureur de Nantes, début mars, "elle intervient après" son concubin dans le déroulé des faits. "Elle a aidé à dissimuler les corps" et à "faire disparaître un certain nombre de pièces, de traces, d'indices, notamment sur le véhicule" utilisé pour les transporter, pas "pas dans la maison" où ont eu lieu les crimes à Orvault, avait-il précisé.

Une contribution aux contours flous, qui pourrait se préciser lors de l'audition de Lydie Troadec, prévue vendredi. "Jusqu'à présent, aucun des deux ne s'est exprimé sur le fond des faits devant les juges", souligne son avocat, Loïc Cabioch. Si aucune preuve scientifique de sa présence dans la maison d'Orvault n'a pu être retrouvée, les magistrats devraient tenter de préciser son emploi du temps dans les jours qui ont suivi les meurtres.

Les lingots d'or convoités par Hubert Caouissin existent-ils vraiment ?

En d'autres termes, le mobile du crime est-il réel ? Devant les policiers, Hubert Caouissin a affirmé être passé à l'acte à cause d'une brouille liée à un "trésor", composé de lingots et de pièces d'or. Selon les deux mis en examen, ce magot aurait été découvert par Pierre Troadec, le père de Pascal et Lydie, tandis qu'il faisait des travaux dans son immeuble du quartier de Recouvrance, à Brest. À la mort de son père, Pascal aurait profité de l'hospitalisation de sa mère et de l'absence de sa soeur pour s'en emparer, refusant tout partage. Une version confirmée par la mère de famille, qui estime que le butin a "tout bouleversé".  

Mais jusqu'à présent, les enquêteurs n'ont pu mettre la main sur aucune pièce d'or, pas plus qu'un lingot. "On n'est que sur du déclaratif pour l'instant", confiait une source proche des investigations, mi-mars. Autrement dit : impossible de vérifier que ce trésor n'est pas une "rumeur" qui aurait circulé dans la famille.