À Bobigny, Emmanuel a sauvé une fillette des flammes : "Si je dois mourir, ça arrivera"

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Shanel Petit avec A.H. , modifié à
Il s'appelle Emmanuel, il a 16 ans. Samedi, lors des échauffourées à Bobigny, il a sauvé in extremis une fillette qui se trouvait dans une voiture en feu. Europe 1 l'a rencontré.
TÉMOIGNAGE

Emmanuel est un adolescent ordinaire. Fan de foot et de littérature, en classe de première à Clichy-la-Garenne, dans le nord de Paris. Samedi, comme environ 2.000 personnes, il manifestait en soutien à Théo, le jeune homme victime de violences policières. Il venait "faire son devoir de citoyen, pacifiquement", explique-t-il.

"De la fumée noire sort du moteur". Quand la manifestation dégénère, Emmanuel se retrouve très vite coincé dans une petite rue, au milieu d'un affrontement entre des policiers et des dizaines de jeunes. Là, des hommes encagoulés mettent le feu à une petite voiture grise dans laquelle se trouvait une mère et ses deux enfants. Au micro d'Europe 1, Emmanuel raconte la scène. "Elle descend de la voiture. Elle voit que de la fumée noire sort du moteur. Elle prend son petit garçon qui devait avoir deux ans, grand max. Dans la précipitation et dans la peur, elle oublie sa petite fille", constate l'adolescent.

"Si je dois mourir explosé, ça arrivera". Emmanuel assure qu'autour, personne n'intervient. "Je me dis 'si je dois mourir explosé par la voiture, ça arrivera. Mais je ne peux pas laisser la petite comme ça'. J’ai moi-même une petite sœur", confie-t-il. L'adolescent se précipite alors vers la voiture pour récupérer la fillette. "Je la prends, je la tire, mais elle avait encore sa ceinture. Finalement, j’arrive à la détacher. Je prends la petite fille, je la serre dans mes bras", raconte-t-il.

"Petit, ce que tu as fait, c'est vraiment héroïque". Deux policiers accourent alors. "Ils m'ont dit : 'petit, ce que tu as fait, c’est vraiment héroïque, c’est d’une grande bravoure'". Sonné, Emmanuel ne comprend pas ce qu'il se passe. "Ils m’ont dit : 't’inquiète pas, on va prendre la petite en charge. Toi, va chercher la mère de famille'", se souvient-il. 

La préfecture reconnaît son erreur. Mais de son côté, la préfecture a cru que c'était ces deux policiers qui avaient sauvé la petite fille des flammes. Ce malentendu a mis Emmanuel hors de lui. Dans une tribune postée sur les réseaux sociaux, il a tenu à rétablir la vérité. Dimanche matin, la préfecture a reconnu son erreur et a rendu hommage au jeune homme. Dans un communiqué, elle a salué son "courage".