Affaire Grégory : "Oui, j'ai vu Murielle (Bolle) subir des coups", témoigne son cousin

Trente-deux ans après les faits, Murielle Bolle a été mise en examen dans l'affaire Grégory, vendredi.
Trente-deux ans après les faits, Murielle Bolle a été mise en examen dans l'affaire Grégory, vendredi. © ERIC FEFERBERG / AFP
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M.L
Trois jours après la mise en examen de Murielle Bolle, Le Parisien publie les confidences d'un témoin-clé, selon qui l'adolescente a été violentée avant de changer de version des faits dans l'affaire Grégory, en 1984.

Murielle Bolle attend une importante décision : mardi, le juge des libertés et de la détention doit décider si la quadragénaire, mise en examen pour enlèvement suivi de mort et écrouée vendredi, reste en prison. Plus de trente-deux ans après les faits, cette membre éloignée de la famille Villemin se trouve au cœur de l'enquête sur la mort de Grégory, quatre ans, retrouvé pieds et poings liés dans la Vologne, en 1984. Et ce rebondissement tient en grande partie au récit d'un homme, entendu mi-juin par les gendarmes et interrogé par Le Parisien, lundi. Ce témoin-clé, qui souhaite conserver l'anonymat, est un cousin germain de Murielle Bolle, âgé de 54 ans. 

"Murielle a pris une sacré volée". Le 16 octobre 1984, le corps de Grégory Villemin était repêché dans les eaux froides de la Vologne. Rapidement, l'enquête se dirigeait vers Bernard Laroche, cousin du père de l'enfant, que des expertises graphologiques désignaient comme étant le "corbeau" qui harcelait la famille endeuillée depuis plusieurs années. Murielle Bolle, alors âgée de 15 ans, était entendue par les gendarmes et confiait que le suspect, son beau-frère, était venu la chercher au collège le jour du meurtre, avant de marquer un arrêt devant le domicile de la famille Villemin et de faire monter Grégory dans la voiture. Elle affirmait qu'il était descendu avec le garçon quelques kilomètres plus loin, avant de remonter sans lui.

Une version accablante pour Bernard Laroche, se souvient le cousin interrogé par le Parisien. "A l'époque, quand on a appris l'incarcération de Bernard, on est tous montés dans les Vosges. J'étais donc présent." Et selon ce témoin, le 5 novembre, quelques heures après sa sortie de la gendarmerie, Murielle Bolle a subi des pressions d'ordre physique de la part de membres de sa famille. "Je peux vous dire que Murielle s'est fait démonter (sic), je veux dire qu'elle a été frappée par plusieurs personnes, elle a pris une sacrée volée", raconte-t-il. "Oui, j'ai vu Murielle subir des coups, et je n'en démordrai pas ! Cette scène, je l'ai vue de mes yeux. J'y ai assisté." 

"Elle m'a fait des confidences". "Après ces violences, Murielle est sortie, elle pleurait", poursuit le cousin. "C'est là qu'elle m'a fait des confidences en plus sur l'affaire", ajoute-t-il sans en révéler plus, pour "protéger l'enquête". Convoquée pour répéter ses propos devant un juge d'instruction deux jours après ces violences présumées, Murielle Bolle s'était rétractée, affirmant avoir menti sous la pression des gendarmes et être en fait rentrée du collège en bus. Bernard Laroche avait alors été libéré avant d'être assassiné par Jean-Marie Villemin, convaincu de sa culpabilité.

Pourquoi ce fameux cousin a-t-il attendu si longtemps pour parler ? "C'est moi qui ai pris contact avec la gendarmerie, j'en assume entièrement la responsabilité. Ce que j'ai déclaré ne m'a pas été volé de la bouche, pas extorqué", affirme-t-il au Parisien. "Il y a eu un élément déclencheur, c'est l'interpellation des époux Jacob (également mis en examen ces dernières semaines dans ce dossier, ndlr), le 14 juin. Voilà le déclic. Tout s'est remis en place dans ma tête. Je me suis dit, Murielle ne peut plus mentir. Murielle qui m'avait confié une chose trente-deux ans en arrière, chose que j'ai toujours eu dans la tête..."