Affaire du Carlton : la condamnation civile de DSK annulée en cassation

Au pénal, seul l'ancien chargé des relations publiques du Carlton avait été condamné à payer 2.000 euros d'indemnisation à l'association.
Au pénal, seul l'ancien chargé des relations publiques du Carlton avait été condamné à payer 2.000 euros d'indemnisation à l'association. © PHILIPPE HUGUEN / AFP
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avec AFP , modifié à
La Cour de cassation a annulé mercredi la condamnation de Dominique Strauss-Khan à indemniser une association de lutte contre la prostitution, dans le cadre du procès de l'hôtel Carlton de Lille.

La décision marque l'épilogue d'une affaire très médiatisée. La Cour de cassation a annulé mercredi la condamnation de Dominique Strauss-Khan et de trois autres prévenus du procès de l'hôtel Carlton de Lille à verser solidairement 20.000 euros de dommages et intérêts à une association de lutte contre la prostitution, a appris jeudi l'AFP auprès de la haute juridiction.

Les quatre prévenus avaient été relaxés au pénal. La Cour d'appel de Douai avait condamné le 16 juin 2016 l'ex-directeur général du FMI, l'avocat Emmanuel Riglaire, l'ex-directeur d'une filiale du groupe de BTP Eiffage David Roquet, et l'homme d'affaires Fabrice Paszkowski à indemniser le Mouvement du Nid, les jugeant responsables du préjudice moral invoqué par l'association de lutte contre la prostitution. En juin 2015, les quatre prévenus avaient pourtant tous été relaxés au pénal par le tribunal correctionnel de Lille des chefs de proxénétisme aggravé pour lesquels ils étaient notamment poursuivis dans l'affaire dite du Carlton de Lille, du nom de l'hôtel où ils fréquentaient des prostituées.

Une faute non limitée à l'objet de la poursuite. Le tribunal avait également débouté le Mouvement du Nid de la quasi-totalité de ses demandes de réparation. Seul l'ancien chargé des relations publiques du Carlton, René Kojfer, qui avait écopé d'un an avec sursis pour proxénétisme, avait été condamné à payer 2.000 euros d'indemnisation à l'association.

Les quatre prévenus, qui s'étaient pourvus en cassation contre l'arrêt de Douai, ont donc obtenu gain de cause. Rappelant que le dommage dont une partie civile peut obtenir réparation doit résulter d'une faute démontrée et limitée à l'objet de la poursuite, la plus haute juridiction de l'ordre judiciaire a estimé que la Cour d'appel avait méconnu ce principe.

"Des rencontres à caractère sexuel" "sans profit financier". La Cour d'appel de Douai avait en effet caractérisé sa décision en pointant "des comportements relevant, non pas du proxénétisme aggravé objet des poursuites pénales, mais du recours à la prostitution, une infraction qui n'était pas susceptible d'être poursuivie à la date des faits", a fait valoir la Cour de cassation. Les poursuites contre les clients de prostituées sont entrées en vigueur en avril 2016. Les juges rappellent en effet que les quatre hommes "ont organisé d'un commun accord, avec des amis, des rencontres à caractère sexuel auxquelles participaient des prostituées dont ils étaient les clients" et ce, "sans en tirer un profit financier".

Lors du procès pénal, le tribunal avait notamment estimé que DSK avait eu "un comportement de client non répréhensible par la loi pénale" n'ayant fait que "bénéficier des modalités d'une prestation sexuelle de groupe".