Affaire Benalla : ce que l'on sait du certificat médical du manifestant molesté le 1er mai

La version du médecin contenue dans le procès-verbal qu’Europe 1 a pu consulter nuance la notion de "document antidaté".
La version du médecin contenue dans le procès-verbal qu’Europe 1 a pu consulter nuance la notion de "document antidaté". © Capture d'écran Youtube
  • Copié
Ophélie Gobinet , modifié à
Selon le "Journal du Dimanche", le médecin qui a établi le certificat médical du jeune homme appréhendé par Alexandre Benalla place de la Contrescarpe le 1er mai aurait admis devant les policiers avoir antidaté le document. Pas si simple...

Le certificat médical transmis à la justice par Georgios D., le jeune homme appréhendé le 1er mai par Alexandre Benalla, serait un document antidaté, selon le JDD. Pourtant, d'après les éléments du procès-verbal qu'Europe 1 a pu consulter, le médecin n’a pas admis aux policiers avoir mentionné une date antérieure à la date réelle. Explications. 

Acte 1 - Les violences de la place de la Contrescape, le 1er mai

Le jour du défilé parisien du 1er mai, place de la Contrescarpe, dans le 5ème arrondissement, les CRS font face aux manifestants. Un bras d’honneur, une carafe qui vole, un cendrier aussi… un couple, Georgios D., 29 ans, et Chloé P., 30 ans jette des projectiles sur les forces de l’ordre, un acte à l’origine de leur interpellation musclée. Un homme, identifié plus tard comme étant Alexandre Benalla, tire la jeune femme d’une mêlée et la traîne sur plusieurs mètres. Il saisit ensuite le jeune homme et le moleste.

Le 11 mai, le manifestant se présente chez son médecin traitant et évoque des douleurs qui perdurent onze jours après les violences du 1er mai. À la fin de cette consultation, Georgios D. est reparti sans certificat médical. "Je n'ai pas rédigé le certificat médical le 11 mai, car il ne me l'avait pas demandé, et je ne lui ai pas proposé", a indiqué la praticienne dans le procès-verbal consulté par Europe 1. 

Acte 2 - Un certificat médical antidaté ? 

Les 19 et 20 juillet, l’affaire prend une tournure politique et judiciaire qui va toucher jusqu’au cœur de l’Élysée. C’est dans ce contexte que, le 23 juillet, le jeune homme retourne voir son médecin. "Il est venu me voir le 23 juillet en m'expliquant qu'il était impliqué dans l'affaire Benalla et que son avocat lui demandait un certificat médical", a expliqué le médecin aux policiers. 

Sur Europe 1, Me Sahand Saber indique que son client a agi en toute bonne foi. "Lors de son audition, le médecin a reconnu qu'il avait tapé lui-même ce document 'en deux minutes', sans prendre la mesure de l'ampleur médiatique de l'affaire. C'est seulement à la lecture de l'audition du médecin que l'on a appris que ce document avait été antidaté, mais on l'ignorait jusqu'alors". Le médecin a prescrit six jours d’ITT au jeune homme. "À aucun moment, le 23 juillet, lorsque mon client va voir son médecin, il lui demande de lui faire un faux certificat médical", affirme encore au micro d’Europe 1 le conseil de Georgios D.

Acte 3 - Une information nuancée par le procès-verbal

La version du médecin contenue dans le procès-verbal qu’Europe 1 a pu consulter nuance la notion de "document antidaté". La praticienne explique en effet que Georgios D. revient la voir le 23 juillet et veut joindre son certificat médical à sa plainte. "Entre deux consultations", elle rouvre le dossier de son patient et imprime le certificat. Le médecin précise aussi aux policiers que son logiciel informatique "met automatiquement la date de consultation en date du certificat". 

Les observations établies par le médecin le 11 mai sont donc celles imprimées le 23 juillet. Et alors que le JDD évoque des aveux du médecin quant à l’antidatation du certificat médical, la réponse de la praticienne contenue dans le procès-verbal est la suivante : "Non, ce n’est pas quelque chose que je fais".

Le couple a été entendu le 2 octobre pour violences contre les forces de l'ordre

Dans cette affaire, Alexandre Benalla est poursuivi pour violences en réunion mais aussi pour "immixtion dans l'exercice d'une fonction publique", "port public et sans droit d'insignes réglementés", "recel de détournement d'images issues d'un système de vidéo-protection" et "recel de violation du secret professionnel". Le couple a été entendu le 19 septembre par les juges comme victimes. Le 2 octobre, Georgios D. et Chloé P. ont été entendus pas la police, mais cette fois pour violences contre les forces de l’ordre.