Aéroport de Notre-Dame-des-Landes : retour sur 50 ans de tergiversations

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Aurélie Dupuy et Romain David , modifié à
Plus de 50 ans après l'émergence du projet d'aéroport, le clap de fin est tombé mercredi. Emmanuel Macron a décidé d'abandonner le projet.

Dans les couloirs, le bruit d'une décision imminente courrait. La sentence est tombée mercredi en début d'après-midi : l'aéroport de Notre-dame-des-Landes ne verra pas le jour. Un épilogue qui ne résout pas toutes les questions, comme celles de l'avenir de la ZAD et du réaménagement de l'aéroport de Nantes-Atlantique. Europe 1 revient sur les grandes dates de ce projet polémique depuis plus de cinquante ans.

1968 : le choix du site de Notre-Dame-des-Landes

L’émergence de l’idée d’un aéroport pour le Grand Ouest fait son nid dès 1960, s'inscrivant dans une approche décentralisée de l’Etat. Dès 1968, une note de l'OREAM (l'Organisme régional d'étude et d'aménagement d'aire métropolitaine de Nantes Saint-Nazaire) identifie Notre-Dame-des Landes comme le site préférentiel retenu pour un futur aéroport, prévu pour 1985. A l’époque, le caractère de zone humide du site n’est pas connu.

1974 : une zone d'aménagement différé (ZAD) est créée 

Une ZAD (zone d'aménagement différé) est créée pour permettre au conseil général de Loire-Atlantique d’acquérir des parcelles par droit de préemption. Dès 1972, des agriculteurs avaient mené les prémices de la contestation craignant de voir leurs terres transformées en béton. Mais pour diverses raisons, dont les chocs pétroliers et l'arrivée du TGV à Nantes, le projet reste dans les cartons.

2000 : résurgence du projet 

Dès 1994, alors que la création d'un troisième aéroport est évoquée en région parisienne, le projet NDDL ressort. Il est porté par Jean-Marc Ayrault, alors maire de Nantes, qui met en avant l'idée de rééquilibrer les territoires. Mais c'est vraiment en 2000 que le gouvernement Jospin réactive le projet.

2008 : le projet est déclaré d'utilité publique 

De 2002 à 2003, un débat public aboutit à une validation du projet par arrêté ministériel. Mais déjà, des opposants s’insurgent et reprochent l'absence d'alternative. En 2006-2007, une enquête publique aboutit à déclarer le projet d'utilité publique au Journal officiel.

2009 : un tournant, l'installation des premiers zadistes

La tenue d'un "Camp actions climat", où des centaines de militants affluent dans la zone, marque un tournant. Un petit groupe d'opposants s'installe dans des tentes, des cabanes...

2010 : la concession attribuée à Vinci

L'Etat signe avec Vinci un contrat de construction et de concession du futur aéroport pour 55 ans. D'après le document, les travaux devaient commencer en 2014 pour une ouverture prévue en 2017.

16 octobre 2012 : l'opération "César" attise les tensions

L'Etat lance l'opération "César" pour déloger les zadistes. Plus de 1.000 membres des forces de l’ordre sont mobilisés. L’opération, violente, fait des blessés et donne à la contestation une dimension au-delà des frontières françaises. Une manifestation de "réoccupation" rassemble entre 13.000 et 40.000 personnes dans la ZAD, selon les estimations. En parallèle, Jean-Marc Ayrault, alors Premier ministre, annonce une commission de dialogue qui conclura, en avril 2013, à l’utilité du projet, tout en s'interrogeant sur sa viabilité environnementale.

Juillet 2015 : rejet des recours contre le projet, reprise des travaux annoncée

La Cour de cassation et tribunal administratif de Nantes rejettent les recours environnementaux des opposants. Dans la foulée, en octobre, la reprise des travaux est annoncée pour 2016.

26 juin 2016 : référendum local

Alors que le gouvernement est divisé sur le projet (les élus EELV et Ségolène Royal, alors ministre de l'environnement, s'y opposent), François Hollande annonce un référendum local en février ("Etes-vous favorable au projet de transfert de l’aéroport de Nantes-Atlantique sur la commune de Notre-Dame-des-Landes ?") qui aboutit à une approbation du projet à 55,17%.

1er juin 2017 : un collège de médiateurs

Emmanuel Macron, élu président de la République, annonce qu’il mandate trois experts pour examiner le projet. Leur rapport est rendu le 13 décembre et prévoit soit l'agrandissement de l'actuel aéroport de Nantes, soit son transfert à Notre-Dame-des-Landes.

La décision, qui devait arriver au plus tard fin janvier selon les engagements du président, est finalement tombée mercredi en début d'après-midi. L'aéroport de NDDL ne se fera pas. Vinci avait par ailleurs annoncé qu’aucune discussion sur une éventuelle compensation du projet n'était à l'ordre du jour.