Mort d'Adama Traoré : ce que contient le rapport

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Guillaume Biet, avec service police-justice , modifié à
Près d'un an après ce drame, qualifié de "bavure" policière par l'entourage, ce rapport vient confirmer la première autopsie réalisée en juillet 2016. La responsabilité des gendarmes n'est pas directement pointée.

Une nouvelle expertise demandée par la famille d'Adama Traoré confirme que la mort du jeune homme lors de son interpellation en juillet 2016 au nord de Paris est due à un "état asphyxique aigu", selon le rapport révélé par Le Parisien mercredi et confirmé par l'avocat de la famille. Mais selon les informations d'Europe 1 mercredi soir, contrairement à ce que prétend l'avocat de la famille Traoré, cette nouvelle expertise conforte les conclusions des premiers médecins légistes, et ne pointe pas une responsabilité évidente des gendarmes.

Une version différente de celle de l'avocat. Mercredi matin sur Europe 1, l'avocat de la famille, Yassine Bouzrou, affirmait que "selon le collège d'experts, la cause directe de la mort d’Adama Traoré" était "l'asphyxie aiguë". "Contrairement aux allégations médiatiques du procureur de la République de Pontoise de l'époque, Monsieur Adama Traoré ne souffrait d'aucune infection. Donc nous pouvons affirmer clairement l'hypothèse de la famille, à savoir des violences volontaires ayant entraîné la mort", expliquait le conseil. L'examen de prélèvements réalisés sur le cœur d'Adama Traoré avait mis par ailleurs "en évidence un ensemble de lésions compatibles avec une cardio-myopathie hypertrophique qui est potentiellement la cause directe de la mort", avait affirmé à l'été le procureur de Pontoise, où avait débuté l'information judiciaire.

Un "état antérieur plurifactoriel". Or, les conclusions exactes des experts légistes indiquent que "l'ensemble de ces constatations permet de conclure que la mort de Monsieur Adama Traoré est secondaire à un état asphyxique aigu, lié à la décompensation – à l'occasion d'un épisode d'effort et de stress – d'un état antérieur plurifactoriel associant notamment une cardiomégalie et une granulomatose systémique et de type sarcoïdose". En clair, Adama Traoré souffrait d'une malformation cardiaque - un cœur plus gros que la moyenne - et d'une maladie des poumons pouvant entraîner une insuffisance respiratoire.

Le stress et le violent effort de la course-poursuite. Selon les experts, ces deux pathologies, dont Adama Traoré souffrait sans le savoir, ont provoqué son asphyxie, à cause du stress et du violent effort qu'il a produit pour échapper aux gendarmes, lors d'une course-poursuite à pied, sous une forte chaleur. Un voisin, chez qui il s'était réfugié avant d'être arrêté, avait raconté que le jeune homme de 24 ans était totalement à bout de souffle, quasiment incapable de parler.

La responsabilité des gendarmes pas directement pointée. Comme leurs prédécesseurs, les médecins n'ont pas relevé dans ce rapport de traces de violence sur Adama Traoré. Ils écrivent néanmoins qu'une "asphyxie mécanique associée n'est pas à exclure". Autrement dit, le jeune homme aurait subi sur le corps le poids des gendarmes. Mais les experts ne sont pas catégoriques, et ils n'ont pas repris cette hypothèse dans leurs conclusions.