Adama Traoré avait consommé du cannabis avant sa mort, selon une autre analyse

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avec AFP
Au lendemain d'analyses ayant révélé que le jeune homme n'avait consommé ni alcool ni drogue, le procureur de Pontoise annonce à l'inverse qu'Adama Traoré était sous l'emprise du cannabis. 

D'un jour à l'autre, les analyses se contredisent. Adama Traoré, mort lors de son interpellation dans le Val-d'Oise, était sous l'emprise du cannabis, a affirmé jeudi le procureur de Pontoise, contrairement aux informations communiquées la veille par l'avocat de la famille du jeune homme de 24 ans, décédé à la suite de son interpellation. L'enquête est dirigée depuis le 20 juillet, lendemain du décès, par une juge d'instruction.

Du cannabis, mais pas d'alcool ni de médicaments. "L'expertise toxicologique faite à partir des prélèvements réalisés" lors de la première autopsie d'Adama Traoré conclut à la "présence de THC (molécule active du cannabis, ndlr) à une concentration sanguine élevée", a déclaré Yves Jannier. Le rapport note que "M. Traoré était sous l'emprise des effets psychotropes du cannabis au moment de son décès", a-t-il ajouté. La dernière prise de cannabis est évaluée "à moins de 12 heures avant le décès", et, compte tenu de la forte concentration de THC, probablement dans les "une à deux heures précédant le décès". Il n'avait en revanche pas consommé de médicaments ni d'alcool, selon ce rapport.

Confusion autour des analyses. Pourtant, la veille, mercredi, l'avocat de la famille d'Adama Traoré, Me Yassine Bouzrou, avait affirmé que "les analyses toxicologiques démontrent une absence de médicaments et de stupéfiants, et également une absence d'alcool." En réalité, a expliqué le procureur de la République de Pontoise, deux analyses toxicologiques ont été effectuées.

L'une, a été réalisée à partir d'un scellé contenant "des vomissures" : c'est celle concluant à l'absence de médicaments, de stupéfiants et d'alcool. Mais la seconde, réalisée à partir de prélèvements sur le corps d'Adama Traoré, conclut à une consommation de cannabis. Contacté par l'AFP, Me Bouzrou a déclaré que ce second rapport "n'a pas été notifié aux parties au moment où je vous parle".

Maintenu au sol sous le poids de trois gendarmes. La mort d'Adama Traoré, qualifiée de "bavure" par son entourage, avait entraîné plusieurs nuits de violences dans la petite ville de Beaumont-sur-Oise, d'où il était originaire, et dans les communes voisines. Lors de son arrestation, le jeune homme avait été maintenu au sol sous "le poids des corps" de trois gendarmes, selon une source proche de l'enquête citant les déclarations de l'un des militaires. Cette technique destinée à le maîtriser pourrait, d'après l'avocat de la famille, être à l'origine du "syndrome asphyxique" constaté lors des autopsies.

Les deux autopsies réalisées n'ont pas relevé de traces de violences sur le corps du jeune homme, et n'avaient pas permis d'expliquer son décès. Tous les résultats des analyses complémentaires n'ont pas encore été communiqués. Au nom de la famille, Yassine Bouzrou avait indiqué avoir déposé deux plaintes dénonçant l'attitude des forces de l'ordre pendant et après l'arrestation. L'une d'elles devait être adressée au procureur de Pontoise, qui dit n'avoir rien reçu.