Abus sexuels : la difficile mission du diocèse d'Orléans pour recueillir la parole des victimes

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Dans le diocèse d'Orléans, le recueil de la parole des victimes d'abus sexuels par des membres du clergé est encore difficile. © JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP
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Romane Hoquet, édité par Margaux Baralon
Le diocèse d'Orléans a mis en place une cellule d'écoute il y a plusieurs année. Mais l'activisme de l'épiscopat n'est pas toujours bien vu des fidèles, et la parole a encore du mal à se libérer sur ces terres de catholicisme traditionnel. 

Sur le parvis de la cathédrale d'Orléans, dans le Loiret, bien peu sont les fidèles qui acceptent de s'exprimer. Alors que, fin juin, un évêque a été renvoyé devant le tribunal correctionnel pour avoir couvert un prêtre pédophile, et qu'un curé a été placé en détention provisoire pour "viols sur mineurs", l'activisme récent des autorités locales sur le sujet divise les catholiques.

"Il vaudrait mieux que cela s'arrête". "Ils ont raison", assène une croyante au micro d'Europe 1. "Il faut qu'ils continuent. Il y aura sûrement d'autres cas et il faut empêcher que cela recommence." Mais pour un autre fidèle, point trop n'en faut. "Une fois qu'on a dit qu'il y a des choses inadmissibles, on ne va pas répéter ça 50 fois." Une troisième catholique estime quant à elle qu'il "vaudrait mieux maintenant que [ces procédures] s'arrêtent". "On peut tout dire, exagérer... alors qu'on est tous des êtres humains, tous capables de faillir."

Carcan familial et peur de nuire à l'Église. Parmi les témoignages qui ont conduit à ces enquêtes judiciaires, certains ont été recueillis par la cellule d'écoute dédiée aux victimes mise en place par le diocèse d'Orléans il y a trois ans. Mais sur cette terre de catholicisme traditionnel, où subsistent un carcan familial et une peur forte de nuire à l'Eglise, la mission reste encore difficile. Véronique Garnier, membre de la cellule d'écoute, explique ainsi qu'elle s'appuie sur des relais pour surmonter les difficultés. "Un prêtre dans une paroisse, un directeur d'école... On parle avec eux et on leur propose de faire des soirée de sensibilisation. Comme ça, petit groupe par petit groupe, on peut essayer de toucher les cœurs des gens."

"Chaîne de confiance". Selon cette chargée épiscopale, il faut surtout veiller à "ne pas rompre" une "chaîne de confiance" sans laquelle "aucun dialogue n'est possible". Mais Véronique Garnier constate déjà les prémices d'une amélioration et espère de nouveaux témoignages.