Abattage massif de canards d'élevages : une décision "parfaitement justifiée" pour Jeanne Brugère-Picoux

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T.M. , modifié à
Jeanne Brugère-Picoux, professeur à l'École Nationale Vétérinaire d'Alfort, juge "nécessaire" l'abattage massif de canards d'élevages pour tenter d'endiguer le nouveau virus de grippe aviaire.
INTERVIEW

Nouveau coup dur pour la filière avicole. Face à la propagation ultra-rapide du virus de la grippe aviaire, près d'un million de canards vont être abattus dans 150 communes du Sud-Ouest. Si les éleveurs apparaissent désespérés, cette mesure radicale à titre préventif est justifiée, selon Jeanne Brugère-Picoux, professeur honoraire à l'École Nationale Vétérinaire d'Alfort.

Des mesures "drastiques" mais "nécessaires". "Cette décision est parfaitement justifiée", juge-t-elle sur Europe 1. "Contrairement à l’an dernier, on a affaire à un virus extrêmement pathogène, qu’on n’arrive pas à stabiliser. Ces mesures sont drastiques mais elles sont nécessaires parce que le virus est vraiment très contagieux."

Entendu sur europe1 :
C’est déjà catastrophique, mais ça peut être encore pire si on ne prend pas ces mesures.

"Ce n’est pas une grippe, c’est une peste". Face à l'ampleur de la crise, le ministère de l'Agriculture a donc décrété de faire abattre des centaines de milliers de canards et oies, dans 150 communes au total, selon l'arrêté paru jeudi au Journal Officiel. Sont concernées 88 communes du Gers, qui concentrent plus de la moitié des foyers, mais aussi 53 communes des Landes, 6 des Hautes-Pyrénées et 3 des Pyrénées-Atlantiques. "Ce n’est pas une grippe, c’est une peste. Les animaux ont une myocardite, ils meurent en quelques heures, quelques jours. Il faut donc éviter la propagation vers d’autres élevages. C’est déjà catastrophique, mais ça peut être encore pire si on ne prend pas ces mesures", plaide encore Jeanne Brugère-Picoux.

Aurait-il fallu réagir plus tôt ? Certains éleveurs estiment pourtant que les autorités auraient dû réagir plus rapidement. "Je ne pense pas qu’on puisse dire ça", continue la spécialiste. "En fait, c’est la première fois qu’on a affaire à une épizootie de telle ampleur. Déjà l’an dernier, on n’avait jamais eu de peste aviaire, à part l’épisode de 2005 où seul un élevage de dinde avait été contaminé. Cette année, c’est dramatique. Ce H5N8 est extrêmement virulent". Le virus dépasse même les frontières françaises. Plusieurs pays faisant de l’élevage de canards, comme la Hongrie, sont eux aussi très gravement touchés.