À Notre-Dame-des-Landes, "ça peut repartir à la moindre étincelle"

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Martin Feneau, édité par Thibaud Le Meneec , modifié à
Six mois après l'évacuation de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, les zadistes occupent toujours les terrains que veulent récupérer les agriculteurs expropriés. Sur place, les deux parties campent sur leurs positions.
REPORTAGE

L'herbe humide, un troupeau de vaches : en lieu et place de ce décor champêtre de Notre-Dame-des-Landes, il y aurait dû y avoir un aéroport, projet abandonné en janvier par le gouvernement Philippe. Europe 1 est retourné sur les lieux, six mois après l'évacuation de la ZAD (pour "zone à défendre"), où la tension est toujours palpable.

À Notre-Dame-des-Landes, "ça peut repartir à la moindre étincelle"

Une "forme de dictature" sur la zone. Sur place, les opposants au projet occupent toujours une partie des champs de David, éleveur sur ces terres depuis vingt ans. Entre eux, le dialogue est impossible : "C'est terrible de se retrouver face à quinze personnes qui viennent vous dire 'non, tu ne rentres pas dans la parcelle'. Ils souhaitent que je m'en aille définitivement de cette zone, donc ils sont venus à plusieurs et ils ont bloqué la bétaillère." "Ces gens-là, ils ont fait preuve de mépris, ils sont humiliants", poursuit l'exploitant. "Comme si moi j'étais quelqu'un qui souhaitait m'accaparer beaucoup de terrain, comme si j'étais un gros producteur. On vit en couple, on a cinq enfants on se paye 800 euros par mois chacun." Et l'homme de dénoncer une "forme de dictature" sur la zone : "Le climat n'est pas sain. À la moindre étincelle, ça peut repartir."

Entendu sur europe1 :
Ce n'est pas parce que tu les cultivais avant que tu es légitime à les garder

Les zadistes remontés. De l'autre côté, les zadistes veulent tout simplement continuer à vivre là. Ils sont plus d’une centaine à cultiver des légumes, élever des animaux ou encore faire du pain, mais ils gardent néanmoins un petit esprit de revanche vis-à-vis des agriculteurs comme David, qui ont accepté une indemnité pour mettre fin à son bail : "Si tout le monde avait fait comme lui, ces terres seraient aujourd'hui sous le béton", assène un zadiste. "Il y aurait une tour de contrôle dans le champ où on est."

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Les zadistes restent en tout cas mobilisés sur la zone : "Pour nous, il est hors de question qu'on lâche des terres, qu'on fasse capoter des projets d'installation. On y déploie des activités agricoles des installations paysannes qui vont durer dans le temps. Ce n'est pas parce que tu les cultivais avant que tu es légitime à les garder", lancent-ils à David, qui veut récupérer sa parcelle.

Premières réponses d'un comité de pilotage. Dans ce conflit, que disent les pouvoirs publics ? C’est l’État qui possède une grande partie des terres. Et en tant que propriétaire, il va distribuer les terrains, après avoir écouté chaque camp. Vendredi, un comité de pilotage donnera aux agriculteurs expropriés et aux zadistes des premiers éléments de réponse.