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Nathalie Chevance et T.M. , modifié à
KIPPA - Mardi soir, sur Europe 1, le président du consistoire israélite local a appelé les juifs à ne plus porter la kippa dans la ville, au moins provisoirement. Certains obéissent à contrecœur.
REPORTAGE

Quelle attitude adopter ? Le débat est vif au sein de la communauté juive, après l'agression d'un enseignant, lundi, par un adolescent qui disait agir au nom de Daech. Mardi soir, sur Europe 1, le président du consistoire israélite de Marseille a appelé les juifs à ne plus porter la kippa dans la ville, au moins provisoirement. Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, estime quant à lui qu'il ne faut pas céder. Dans les faits, de nombreux fidèles préfèrent déjà se montrer discrets.

Kippa sous la casquette. C'est le cas à la sortie de cette synagogue des quartiers nord de Marseille, protégée par des barrières métalliques et des militaires en faction. "On vit un petit peu cachés malheureusement. Il n'est pas question pour moi de porter la kippa sans casquette", raconte notamment Patrick, pas surpris par cette recommandation. "Il y a trop de choses qui arrivent. Certains sont plus attachés à la religion, et pour le rabbin par exemple, c'est plus difficile", concède-t-il.

Ne pas "envenimer le débat". Dans cette synagogue, le rabbin ne souhaite pas s'exprimer pour ne pas "envenimer le débat". Mais, un peu plus loin, un fidèle exprime tout haut un certain malaise. "Le problème, c'est d'en arriver là", explique-t-il. "Après chaque incident on dit 'plus jamais ça'. J'ai la haine, je suis très en colère face à la situation. Ils sont arrivés là où ils voulaient arriver : faire peur à tout le monde."

"En France, on n'est toujours pas en sécurité". Gabriel, lui, applique déjà la consigne à contrecœur, pour la kippa, mais aussi pour d'autres signes distinctifs. "C'est vrai que depuis les événements, on essaye de ne pas provoquer. Je porte des talits (vêtements pourvus de franges, propres au judaïsme, ndlr) mais je les cache. L'étoile de David, je l'ai enlevée aussi, donc on essaye d'être discret et de ne pas se montrer. On ne veut pas chercher les problèmes", assure-t-il, avant de continuer : "mais c'est vrai qu'en Israël, on a la kippa sans problème. En France, on n'est toujours pas en sécurité". Comme de plus en plus de juifs français, ce jeune trentenaire réfléchit donc désormais à partir vivre en Israël.