À deux mois du bac, comment maximiser sa mémoire

Plus les révisions commencent tôt, plus elles ont de chances d'être efficaces.
Plus les révisions commencent tôt, plus elles ont de chances d'être efficaces. © AFP
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À deux mois du bac, les vacances de Pâques sont pour beaucoup l'occasion de se mettre aux révisions. À condition d'avoir la bonne méthode.

Sans vouloir stresser personne, le baccalauréat, c'est dans deux mois. Et qui dit bac dit forcément révisions. Si la période est souvent compliquée à gérer pour les élèves de première et de terminale, la science est là pour les aider. Comment fonctionne notre mémoire, et comment s'organiser pour avoir ses cours en tête le jour J ? Europe1.fr a demandé quelques conseils à plusieurs experts.

  • Gérer son attention

C'est l'heure : les épreuves approchent, il faut commencer à réviser. Oui, mais combien de temps ? "On a tendance à travailler trop longtemps, pendant une ou deux heures. Mais en réalité, notre cerveau n'est pas capable d'être concentré plus de trente minutes", explique Sébastien Martinez, champion de France de mémoire, qui transmet aujourd'hui ses méthodes aux étudiants.  Son credo : "Mieux vaut 10 minutes à 100% que 100 minutes à 10%". L'auteur de Une mémoire infaillible, briller en société sans sortir son smartphone préconise ainsi des séances de travail de 25 minutes, entrecoupées de pauses de trois à cinq minutes. À condition, bien sûr, de supprimer toute source de distraction telles que la télévision, l'ordinateur ou la musique.

Plusieurs travaux, comme ceux de François Testu, spécialiste des rythmes de l'enfant du laboratoire de psychologie expérimentale de Tours, montrent en outre que les capacités de concentration varient au cours de la journée. L'attention est minimale au réveil et croît ensuite tout au long de la matinée, avant de chuter après le déjeuner et d'augmenter à nouveau dans l'après-midi. Cette donnée dépend cependant en grande partie des profils de chacun.

  • Se servir de ses cinq sens

Une fois le temps de travail aménagé, reste à savoir comment l'utiliser. Et comment, surtout, emmagasiner un maximum de leçons. La quantité d'informations pouvant être absorbée, aussi appelée empan, peut d'abord être augmentée en sollicitant plusieurs sens. Dont la mémoire visuelle : tableaux, schémas, cartes mentales… "Cela permet de prendre de la distance et de n'avoir que l'essentiel. Le sens apparaît sur la forme, et non pas que sur les mots", développe Sébastien Martinez.

Selon plusieurs études, on retiendrait ainsi 10% de ce qu'on lit, 20% de ce que l'on entend et répète, 30% de ce que l'on voit et projette mentalement, 50% de ce qu'on lit, voit et entend, 80% de ce que l'on est en mesure d'expliquer à autrui, et 90% de ce que l'on écrit, dessine, fabrique, après avoir bien regardé, entendu, traduit dans nos propres mots et expliqué à quelqu'un d'autre.

  • Travailler par association

"La mémoire marche également beaucoup par association", explique Simon Thorpe, directeur du centre de recherche Cerveau et Cognition au CNRS. Pour apprendre du vocabulaire, par exemple, la méthode qui consiste à séparer les mots en deux colonnes, et de cacher celle de droite puis celle de gauche, peut s'avérer particulièrement efficace, selon le chercheur.

"Dans 80% des cas, le lien logique suffit. Dans d'autres, le lien loufoque peut être une solution", complète Sébastien Martinez. "En hindi, 'frère' se dit 'bhai-ya' par exemple. Bhai-ya, cela peut faire penser à Bahia, au Brésil. Pour retenir ce mot, vous pouvez ainsi imaginer votre propre frère, si vous en avez un, en train de danser la samba sur une plage brésilienne. C'est une association loufoque, mais quand on vous demandera ce que veut dire 'bhai-ya', vous penserez à votre frère et cela vous reviendra en mémoire".

  • Répéter

Autre méthode qui a déjà fait ses preuves, la répétition. "Ce n'est pas très moderne, mais typiquement, quand on récite ses tables de multiplication, à la fin, ça rentre", assure Simon Thorpe. Schématiquement, si je révise plusieurs fois dans la journée la même notion, mon cerveau aura tendance à la garder en mémoire une semaine. Si je révise cette notion plusieurs fois dans la semaine, je la conserverai un mois en mémoire. Et si je la révise plusieurs fois dans le mois, elle restera ancrée plusieurs mois. Et ainsi de suite. "Mais il ne suffit pas de relire les mêmes pages dix fois", précise le chercheur. "Il faut être actif". Réécrire, traduire dans ses propres mots, expliquer à quelqu'un d'autre voire dessiner peut alors favoriser grandement l'apprentissage.

Sébastien Martinez va même plus loin : "Relire ses cours, ça ne sert à rien, c'est du temps perdu. La technique la plus efficace est de prendre une feuille blanche et d'essayer de recracher son cours. C'est à ce moment-là, et à ce moment-là seulement, qu'on peut passer à la relecture. Cela permet alors de se focaliser sur les données fausses ou manquantes", détaille-t-il. Avant de donner un dernier conseil : renouveler sans cesse ses méthodes de révision.

Les deux experts sont en tout cas d'accord sur un point : plus les révisions commencent tôt, plus elles ont de chances d'être efficaces.

 

Les trois phases de la mémoire :

  • L'encodage. c'est la capacité à acquérir de nouvelles informations en provenance de nos sens. L'information doit être "codée", c'est-à-dire être transmise par l'hippocampe à un ou plusieurs lobes spécialisés qui vont la traiter et en faire une "trace mnésique" : un circuit nerveux est tracé dans le cerveau. Plus le codage est précis, plus la trace mnésique est profonde et l'information bien enregistrée.
  • Le stockage, ou consolidation. C'est le maintien dans le temps des informations apprises. Il dépend en grande partie de la phase précédente. Tout l'enjeu est de faire migrer les informations de la mémoire de court terme à celle de long terme.
  • Le rappel, ou récupération. C'est la capacité de restituer une information préalablement apprise. Là encore, cette phase dépend des deux précédentes. Les méthodes d'associations de mots ou d'idées permettent notamment une récupération plus facile.