Calais: les migrants bloqués par un grillage financé par Londres

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avec Lionel Gougelot , modifié à
La méthode britannique pour bloquer les migrants : financer un immense grillage de 4 mètres de haut à Calais, pour les empêcher de grimper dans les camions à destination du Royaume-Uni.

Ils arrivent en Europe, souvent via l'Italie après une dangereuse traversée de la mer Méditerranée. Une fois le pied posé sur le sol européen, de nombreux migrants quittent la Botte. Certains passent en France pour tenter une autre traversée, celle de La Manche. Mais la Grande-Bretagne a dépensé 15 millions d'euros pour construire d'immenses grillages dans la zone portuaire de Calais et aussi le long de la rocade d'accès au terminal des ferrys. Les clôtures blanches installées en bord de rocade font plus de quatre mètres de hauteur et le grillage est tellement serré qu'il est impossible de s'y agripper pour l'escalader. Cette muraille est la dernière phase d'un chantier entièrement financé par la Grande-Bretagne pour dissuader les clandestins qui prennent d'assaut les poids lourds qui traversent la Manche en ferry.

 Les associations humanitaires parlent de mur de la honte. Olivier, un habitant qui vient en aide aux réfugiés, est scandalisé. "C'est la honte pour la France. Pourquoi ne pas laisser passer ces gens en Angleterre ?", s'indigne-t-il. Le Calaisien n'en revient pas que Londres ait pu financer ce grillage : "Comment se fait-il que l'Angleterre ait réussi à mettre sa frontière en France ?" D'ailleurs, pour lui, cette mesure est inutile : "On s'ingénie à mettre des barrières mais ils passeront ailleurs. Ici, on les bloque comme des animaux derrière un grillage."

L'Angleterre ou la jungle. Sur le bord de la route, Ali et Jamad restent à l’affût de la moindre occasion de sauter dans un poids lourd. Mais c'est vrai, ce grillage leur complique la tâche. "Ce n'est pas une bonne nouvelle pour nous. Avec ce grillage, ce ne sera plus possible de passer ou bien très dur", explique le premier. Le message des pouvoirs publics est de faire comprendre aux migrants que Calais est devenue une impasse.

Jamad, lui, explique que "nous, on veut juste aller en Grande-Bretagne, c'est notre seul but. En plus, les policiers nous pourchassent et parfois ils nous frappent avant de nous renvoyer dans le camp de la jungle. Ils disent qu'on doit rester là-bas." Les migrants sont regroupés depuis trois semaines dans un immense camp de réfugiés. De l'autre côté du grillage, dans la nouvelle jungle, ils sont désormais près de 2.000 à survivre comme ils peuvent. 

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