À Calais, les Droits de l'Homme encore loin d'être respectés

© Philippe HUGUEN/AFP
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G.S.
Soins préventifs, repas, distribution de vêtements, lutte contre l'esclavage… L'Etat se repose trop sur les associations, dénonce la CNCDH.

La situation s'est améliorée, mais les Droits de l'Homme ne sont toujours pas respectés dans la "jungle" de Calais, selon un nouvel état des lieux de la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) relayé jeudi soir par Le Monde. Depuis le démantèlement de la zone sud de ce gigantesque camp de migrants, en mars, la situation s'est même "tendue". "La densité de population de la moitié nord de la jungle fait à tout moment craindre des bagarres mais aussi des incendies", écrit le quotidien du soir.

Un seul repas par jour, des soupçons "de traite et d'exploitation". La CNCDH dénonce notamment le faible engagement de l'Etat, qui se repose sur les associations pour répondre aux besoins essentiels des migrants : soins préventifs, repas, distribution de vêtements et de matériel etc. La CNCDH demande, notamment, à ce que l'Etat mette en place la distribution d'un deuxième repas quotidien, un seul étant proposé pour le moment aux résidants de la "jungle". La CNCDH demande aussi que l'Etat s'engage à enseigner la langue française aux migrants, sans attendre que ceux-ci aient fait une demande d'asile.

La CNCDH explique, enfin, "avoir été informée à plusieurs reprises de soupçons de commission de faits de traite et d’exploitation (prostitution, mendicité forcée…), notamment à l’encontre de femmes et d’enfants vivant dans la jungle de Calais. S’agissant plus spécifiquement des mineurs isolés étrangers, la récente étude d’Olivier Peyroux pour l’Unicef conclut aussi à l’existence 'd’un risque potentiel de traite' après avoir constaté des cas d’exploitation sexuelle (masculine et féminine), d’incitation de mineurs à commettre des délits et d’exploitation économique".

La contribution des Britanniques "complètement dérisoire". Côté avancées, la Commission nationale consultative des droits de l'homme reconnaît tout de même que la prise en charge des migrants s'est améliorée depuis "la création du centre d’accueil provisoire (CAP) sur place et à la mise en place de centres d’accueil et d’orientation (CAO) ailleurs en France". Elle dénonce, enfin, "les accords dits du Touquet et de Sangatte", passés entre 1991 et 2008 entre la France et le Royaume-Uni. Ces derniers permettent aux autorités britanniques de traiter les demandes d'asile sur le sol français, laissant à la charge des Français l'accueil des migrants.

"Signés il y a dix ans, les accords du Touquet ont permis au Royaume-Uni, ni plus ni moins, de déplacer leur frontière sur le sol français. Des milliers de migrants se retrouvent bloqués, le littoral français est devenu une zone d’attente et la contribution financière britannique est complètement dérisoire au regard des besoins pour proposer des conditions de vie dignes aux migrants", dénonce la CNCDH. Et de conclure : "le contexte actuel, depuis le vote des Anglais en faveur du Brexit, ne saurait être pris comme excuse pour reculer ou éviter tout débat sur ces accords bilatéraux".