Procès Xynthia : une psychologue pour soutenir les magistrats

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A l’occasion des auditions des parties civiles, les personnels judiciaires pourront bénéficier d’une psychologue. Objectif : éviter que l’émotion prenne le dessus sur le jugement.

"Eviter que l’émotion ne prenne le dessus sur l’action publique". A l’occasion du procès Xynthia, un dispositif a été mis en place pour permettre aux personnels judiciaires de bénéficier d’un psychologue en marge des audiences. Un dispositif qui court seulement le temps des témoignages des parties civiles, c’est-à-dire six jours. Depuis le 17 septembre et jusqu’à mercredi prochain, magistrats, huissiers et greffiers ont donc la possibilité de consulter une psychologue pour débriefer leur journée d’audition des parties civiles. Objectif : "que le procès Xynthia ne devienne pas un procès compassionnel", commente Frédéric Chevallier, magistrat référent presse du procès, citant l'ancien garde des Sceaux, Robert Badinter.

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Tirer les conclusions des précédents grands procès. Qui dit procès hors-norme, dit dispositif hors-norme. Avant l’ouverture du procès Xynthia, le 13 septembre dernier, le président du tribunal des Sables d’Olonne, a rencontré les magistrats dans le but de préparer les audiences. "A cette occasion, un magistrat présent au procès du Mont-Blanc a rapporté qu’il aurait trouvé judicieux, à l’époque, de bénéficier d’un psychologue en marge des audiences", explique Frédéric Chevallier, interrogé par Europe 1. Le président a donc pris au sérieux cette suggestion et a décidé de l’appliquer.

Présente pour ceux qui en font la demande. Depuis mercredi et le début des témoignages des parties civiles, une psychologue spécialisée en débriefing est donc à disposition des onze personnels judiciaires qui assistent au procès Xynthia. "La psychologue est présente pour les personnels judiciaires qui en font la demande", détaille Frédéric Chevallier. Impossible toutefois de savoir si ces derniers ont fait appel à ses services. Ce genre de débriefing reste en effet purement confidentiel.

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"Certains témoignages sont bouleversants". 29 personnes ont trouvé la mort après la submersion d’une digue lors du passage de la tempête Xynthia à la Faute-sur Mer, en Vendée. Au total, 120 parties civiles sont attendues à la barre pour raconter cette nuit meurtrière. "Il est tout à fait probable que certains magistrats aient débriefé avec la psychologue. Certains témoignages sont bouleversants. Ils peuvent toucher, ils renvoient à des images connues, auxquelles certains magistrats peuvent s’identifier. Comme l’histoire de cette jeune fille, âgée de 17 ans, qui a raconté avoir sauvé son père, alors que ce dernier allait se laisser emporter par les eaux", rapporte le magistrat.

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Ne pas se laisser "polluer" par la souffrance des témoins. "C’est la première fois que l’on juge quelque chose d’aussi spectaculaire. C’est une affaire à laquelle on s’identifie beaucoup plus que pour des affaires de meurtres", poursuit Frédéric Chevallier. Et c’est donc pour éviter de se laisser "polluer" par ce genre d’images, qu’une psychologue est disponible pour débriefer et "évacuer le trop plein qui pourrait peser lors du jugement." Ce recours à une psychologue apparaît donc comme une volonté de respecter l’une des valeurs fondamentales de la justice : l’impartialité. "On ne doit pas prendre en compte la souffrance des gens, ce n’est pas le but de l’action publique. Le jugement doit être rendu sans que l’émotion ne prenne le dessus", commente le magistrat. Le jugement, qui vise des élus de la Faute-sur-Mer, sera rendu le 12 décembre.