Doggy bag : les raisons du flop français

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BIDE TOTAL - Moins d’un Français sur deux a déjà testé le doggy bag. Une habitude alimentaire qui peine à s’imposer dans le pays. 

En octobre dernier, un sondage YouGov pour 20minutes, révélait que 55% des consommateurs français n’avaient jamais eu recours au doggy bag. Pourtant très répandue dans les pays anglo-saxons, cette pratique continue de faire un flop auprès des consommateurs. Conscients de ne pas le proposer assez à leurs clients, les restaurateurs veulent faire bouger les choses. A tel point que l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH) a décidé, mardi, de passer un accord avec une start-up pour étendre le doggy bag.

>> Pascalle Hebel, directrice du département consommation au Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc) nous explique les raisons de l'échec du doggy bag.

Existe-t-il un lien entre le flop du doggy bag et un gaspillage moins important en France que dans d’autres pays ?

Les Français gaspillent beaucoup moins que leurs voisins européens. Un Français jette 20 kilos de nourriture par an (7 kilos de nourriture emballée et 13 kilos de restes de repas), contre 60 kilos par an et par habitant en Angleterre. C’est assez culturel en fait. On est très attachés à notre alimentation. Il existe aussi une vieille habitude bien française de terminer son assiette.  Les périodes de manque pendant les deux grandes guerres ont joué en ce sens. Les anciennes générations transmettent encore ces valeurs et on apprend à cuisiner les restes beaucoup plus que dans d’autres pays.

Finir son assiette, c’est une habitude très française. Même au restaurant ?

Si on ne finit pas son assiette, on sera pris pour quelqu’un qui ne fait pas honneur à la cuisine. Si vous ne finissez pas votre assiette au restaurant, il arrive souvent que le serveur vous demande si vous avez aimé.

Quels sont les autres freins au doggy bag en France ?

Il y a aussi des raisons d’hygiène. En France, on est extrêmement attachés à l’hygiène. On a très peur que les aliments qu’on mange soient pourris. Peut-être le doggy bag n’offre pas suffisamment de confiance sur le conditionnement de la nourriture aux consommateurs.

Demander un doggy bag au restaurant, c’est radin ?

On a une relation assez particulière à l’argent dans notre pays. Cela peut effectivement paraître pingre de partir avec sa bouteille de vin pas terminée ou avec ses restes. C’est un autre frein culturel.

Comment peut-on changer les habitudes alimentaires des Français et imposer le doggy bag ?

Les Français sont très attachés à leur culture alimentaire. C’est encore plus fort que chez nos voisins européens. Il est donc très difficile de bousculer leurs habitudes mais c’est possible. Il faut renforcer la pédagogie autour de la lutte contre le gaspillage. Il faut aussi que de nouveaux acteurs se penchent sur le problème et expliquent les bienfaits du doggy bag, notamment au niveau de la protection de la planète.  

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