22% des enfants victimes de maltraitances : "il y a une libération de la parole"

Michel Martzloff était l'invité d'Europe 1 Bonjour.
Michel Martzloff était l'invité d'Europe 1 Bonjour.
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22% des enfants déclarent avoir été victimes de maltraitances lorsqu'ils étaient jeunes, selon une étude de l'association l'Enfant Bleu. Mais il reste encore des "freins" à la parole.
INTERVIEW

Une hausse de 8 points en deux ans... D'après une étude menée par Haris Interactive pour l’association L'enfant Bleu, 22% des Français déclarent avoir été victimes de maltraitances graves lorsqu'ils étaient jeunes. Lors d'une précédente étude menée il y a deux ans, ils étaient 'seulement' 14% à répondre oui à la même question. "L'explication de cette différence, c'est la libération de la parole", selon Michel Martzloff, secrétaire général de l’association l’Enfant Bleu, invité d'Europe 1 jeudi dans Europe 1 Bonjour.

16% indiquent avoir vécu "des maltraitances sexuelles". "Ces chiffres m'ont surpris", admet le secrétaire général de l'association. "Le point le plus important, c'est que lorsque l'on demande quel type de maltraitances ont été subies. 16% vous indique que ce sont des maltraitances sexuelles, un viol ou des attouchements par exemple et ce sont principalement des jeunes filles qui ont été atteintes", explique-t-il. Dans la plupart des cas, ces maltraitances ont lieu dans le cercle familiale, un cadre qui ne favorise pas la parole. "Quand vous êtes un petit ou un jeune adolescent, à qui pouvez-vous vous adresser si vous êtes victime dans votre propre famille ? C'est très compliqué", regrette Michel Martzloff.

De la prévention auprès des enfants. Pour favoriser la parole et encourager les jeunes victimes à parler, l'association mène plusieurs actions dans les écoles. "Nous faisons de très nombreuses opérations de prévention et nous essayons d'expliquer aux enfants qu'il est nécessaire de trouver une 'personne ressource' qui va relayer la parole et leur permettre de se défendre". Mais la prévention est encore complexe alors que 79% des sondés jugent le sujet tabou. "C'est parce que l'on parle de quelque chose d'extrêmement personnel. Ce sont des choses qui touchent à l'intime", détaille le secrétaire général.

Des outils pour "faciliter la parole". Mais les adultes ont aussi peur de ne pas être entendus ou crus. "Quand des adultes veulent dénoncer une situation pour aider un enfant, un des freins, une des barrières à laquelle ils se heurtent c'est, 'L'enfant a peut-être menti'. Le procès d'Outreau qui a eu lieu il y a quelques années et dans lequel on avait voulu faire croire que les enfants mentaient a porté terriblement tort aux victimes", regrette le responsable de l'association. Pour aller plus loin, l'Enfant bleu va lancer une campagne de crowdfunding pour financer la mise en place d'une carte interactive. "Nous allons lancer une carte géolocalisée pour savoir exactement où se trouve le tribunal de grande instance par exemple pour faire un signalement au procureur de la République, où se trouvent les points d'accès au droit pour avoir des conseils d'avocats gratuitement ou encore où se trouvent les cellules de recueil d'informations préoccupantes dans les départements", détaille Michel Martzloff. "Tout ça permettra de faciliter la parole et l'accès à la justice", conclut-il.